Compte rendu de l’étude effectuée par Mr Bordier,

étudiant en Génie de l’Environnement à l’IUT de Toulon / La Garde, sur la qualité des eaux de l’Aille.

SOMMAIRE

HAUT

 

 

INTRODUCTION.. 2

I) Présentation de l’association des « amis de Gonfaron ». 3

II) Présentation du lieu de stage.. 4

v     L’Aille. 5

v     Caractéristiques des cours d’eau temporaires. 5

v     Situation géologique. 6

v     Connaissance du bassin versant 7

v     Stations d’étude. 10

III) Présentation des méthodes et du matériel utilisés. 13

1) Paramètres abiotiques. 13

2) Paramètres biotiques. 13

3) Inventaire des sources de pollution dans le village de Gonfaron. 14

IV) Résultats. 15

1) Paramètres abiotiques. 15

v     Paramètres mesurés. 15

v     Hydrologie. 16

2) Paramètres biotiques. 18

v     IBGN.. 18

v     Evolution des IBGN.. 20

v     Régimes trophiques. 21

V) Analyse des résultats. 23

v     Débits. 23

v     Température. 24

v     Oxygène. 24

v     PH.. 25

v     Conductivité. 25

v     IBGN.. 26

CONCLUSION.. 30

BIBLIOGRAPHIE.. 31

ANNEXES. 33

v     Liste des annexes. 33

 

 

 

INTRODUCTION

 
 

 

         La protection des milieux aquatiques me touchant particulièrement, mon stage de fin d’année s’est naturellement porté sur ce sujet. Celui-ci s’inscrit dans la continuité de mon stage précédant à la fédération pour la pêche et la protection des milieux aquatiques d’ Eure-et-Loir. Avec le soutien de la Maison Régionale de l’Eau de Barjols, j’ai donc choisi d’étudier la qualité d’un cours d’eau temporaire, l’Aille, et en particulier sur la partie amont.

            Mon étude portera essentiellement sur l’analyse des paramètres physico-chimiques de bases du milieu et de la macro faune benthique par la méthode des IBGN[1] ainsi que sur un travail de bibliographie et de collecte de données (CEEP[2], étude du Conseil Général du Var en 1998, DESS de Garrone C., association des « amis de Gonfaron », etc.). Je communiquerai ensuite les résultats de mon étude lors d’une conférence le 26/06/07 à la mairie de Gonfaron ouverte à tous. Elle sera suivi d’un débat où chacun pourra exposer son point de vue ainsi que ses arguments (voir annexe n°10).

            L’Aille présente plusieurs particularités de par son régime hydrologique, la nature de son lit et de son bassin versant, sa richesse écologique extrême, la beauté des paysages environnant, etc. qui font que cette rivière mérite qu’une attention particulière lui soit portée, qui font qu’elle mérite d’être protégée.

Les riverains ainsi que divers utilisateurs de cette eau tels les pêcheurs constatent une détérioration chronique de la qualité de l’Aille en particulier depuis 1995  à tous les niveaux (visuel, olfactif, biologique). Plusieurs associations (les Amis de Gonfaron, Ethique Environnement, les Amis de l’Aille) ont déjà alerté les administrations compétentes dans le but d’améliorer cette situation très grave (dossier monté par l’association des « Amis de Gonfaron » et adressé au préfet). Plusieurs paramètres leur font penser que la station d’épuration du village de Gonfaron serait responsable pour la majeure partie de cette pollution chronique accentuée en période d’étiage. Je tenterais ainsi par mon étude d’apporter une réponse quant à l’impact réel de cette STEP[3] sur la qualité de l’Aille, tout en recherchant les autres sources susceptibles de provoquer une dégradation de celle-ci. L’ Aille subit lors de son passage dans le village de Gonfaron les déversement de rejets domestiques non traités. Ces derniers n’étant pas précisément identifiés, je réaliserais également l’inventaire des rejets ainsi que celui des prélèvements d’eau.

            Ce rapport comporte quatre parties : la présentation du lieu d’étude, la présentation des méthodes et du matériel utilisés, la présentation des résultats et l’analyse de ceux-ci.

 

I) Présentation de l’association des « amis de Gonfaron »

 
 
 

 

 


            L’association a été déclarée le 18 septembre 1995 en sous préfecture de Brignoles, sous le N° 2.495, J. O. 18/11995 n°42.

Le siège est basé au domicile de son président, Paul Garcia, qui est également mon tuteur.

Cette association qui comporte une trentaine d’adhérent a pour objet :

                        -toutes études, initiatives, actions ou publications, de tout ordre et de toute nature, tendant à contribuer au développement de la commune de Gonfaron, l’amélioration de son image ou de la défense de l’intérêt de ses habitants

                        -de défendre et de promouvoir un développement durable de la commune

                        -d’éditer et de diffuser périodiquement le journal « le saviez-vous ? »

                        -d’organiser des activités pédagogiques et éducatives auprès du public et des enfants pour faire connaître la commune de Gonfaron, son environnement, les valeurs patrimoniales de Provence, pour sensibiliser à son histoire y compris par l’encadrement de groupes

                        -d’aider solidairement les adhérents à faire valoir leurs droits dans leurs rapports avec l’administration communale

                        -de permettre l’organisation de toute manifestation au bénéfice de l’association dans les buts ci dessus.

Récemment elle a pris part notamment aux enquêtes publiques sur l’extension de la décharge du Balançan pour 15 ans de plus, sur la mise en réserve naturelle nationale de la plaine des Maures et sur la régularisation du site d’exploitation n°3 de la décharge du Balançan.

 

II) Présentation du lieu de stage

 

            Mon stage concerne l’étude de la qualité du haut de l’Aille, en particulier l’impact de la station d’épuration de la commune de Gonfaron au cœur du Var, où j’étais d’ailleurs logé.

La plaine des Maures est un lieu biologiquement très riche, c’est un lieu privilégié pour de nombreuses espèces animales et végétales. Elle abrite de nombreuses espèces protégées telles la tortue d’Hermann, la tortue Cistude, la petite isoète de Durieu et bien d’autres encore. Elle bénéficie de plusieurs mesures de protection particulières (ZNIEFF[4], ZICO[5], ZPS[6], Natura 2000, PIG[7]) et fait d’ailleurs l’objet d’une demande de mise en réserve naturelle nationale.

Le paysage magnifique de cette plaine constituée d’affleurements de dalles de grès roses et de pins parasols qui rappelle un peu la savane contribue à la nécessité de protéger ce lieu exceptionnel.

 

Figure n°1 : présentation du site d’étude (cartographie réalisée sous MapInfo)


v      L’Aille

 

Elle prend sa source à l’ouest de Gonfaron, au lieu dit de la Bergerie, à 190m d’altitude, puis traverse la commune de Gonfaron pour finalement se jeter dans l’Argens 29 km après sa naissance près de la commune des Arcs, au lieu-dit de Font d’ Aille. La superficie de son bassin versant est de 229km2

Il s’agit d’une rivière à régime temporaire, c’est-à-dire qu’en période estivale une partie du cours d’eau est asséché. Les températures élevées, l’ampleur et la fréquence des crues ainsi que la sévérité des étiages sont les phénomènes majeurs auxquels doivent faire face les peuplements des cours d’eau méditerranéens comme l’Aille (GIUDICELLI & al. 1985). La vie qui s’y développe est donc adaptée à ces conditions particulières, d’où sa grande richesse patrimoniale. L’Aille est caractérisée par le contraste entre le milieu lenthique (qui est dominant et où le dépôt de matière organique est très important) généralement en anoxie et le milieu lotique (qui se résume à un étroit chenal principal, souvent creusé au sein même de la roche mère).

Elle est classée en 2ème catégorie piscicole, les cyprinidés d’eau vive (Chevesne, Barbeau méridionale, Goujon, Blageon) y sont l’espèce repère (d’après le PDPG[8] réalisé par la Fédération du Var pour la Pêche et la Protection des Milieux Aquatiques). Les droits de pêche sont partagés entre plusieurs AAPPMA[9] (AAPPMA de Vidauban, AAPPMA de Cabasse - Le Luc), Conservatoire du Littoral (Lac des Escarcets), Office National des Forêts et les riverains propriétaires. Il n’y a pas de mesures particulières concernant la pêche. A ce jour, aucune mesure d’aménagement ou d’entretien particulier du cours d’eau n’a été effectuée. 

Sa ripisylve est un lieu de biodiversité floristique et animale d’une grande richesse qui mérite d’être pris en considération en respectant au mieux l’Aille. Une partie de son lit est d’ailleurs compris dans le projet de réserve naturelle nationale de la plaine des Maures.

 

v      Caractéristiques des cours d’eau temporaires

 

Par définition, le cycle hydrologique des cours d’eau temporaire comporte quatre phases (Legier, 1979) : phase d’inondation, phase inondée, phase d’exondation et phase exondée.

La vitesse de remise en eau après la phase exondée va ensuite dépendre du mode d’alimentation du cours d’eau. Lorsque le cours d’eau est alimenté par une nappe au travers d’un substrat perméable, la vitesse est faible. Par contre dans les ruisseaux s’écoulant sur un substrat imperméable comme c’est le cas de l’Aille, la remise en eau sera soudaine (Legier et Terzian, 1981). Cette brutalité est accentuée d’autant plus par le caractère orageux des précipitations dans la région méditerranéenne. On considère que pour ce type de cours d’eau la phase d’inondation est quasiment inexistante. Le cycle hydrologique débute directement par la phase inondée.

Pendant celle-ci (fin de l’automne, hiver, printemps), les cours d’eau se comportent comme des écosystèmes lotiques. Les paramètres physico-chimiques du milieu présentent une stabilité similaire à celle des ruisseaux permanents. La durée de la période inondée dépend des précipitations et de la température extérieure, du niveau de la nappe et de la perméabilité du substrat.

Durant la phase d’exondation, le débit va diminuer jusqu’à ce que l’écoulement soit intermittent puis seules les dépressions resteront en eau, formant des flaques. Celles-ci vont alors se comporter comme des milieux d’eau stagnante. Nous sommes alors en phase exondée. L’ à-sec peut être partiel ou total sur l’ensemble du cours d’eau (Angellier, 2000).  Les paramètres abiotiques vont devenir très instables (Legier et Talin, 1973). La température de l’eau va être fortement liée aux températures extérieures. Ainsi, la stagnation des eaux, les fortes températures estivales et l’intensité lumineuse élevée sont souvent à l’origine d’une prolifération végétale (diatomées benthiques, algues filamenteuses, etc.). Cette prolifération végétale et algale, la température et l’intermittence de l’écoulement va fortement influencer la teneur en oxygène dissous du milieu. Dans les flaques larges et peu profondes des sursaturations peuvent avoir lieu dans la journée (jusqu’à 150%). Dans les cuves profondes et les fissures étroites où la faible intensité limite les développements de producteurs primaires, l’oxygène dissous du milieu va être consommé jusqu’à ce que le milieu présente un déficit poussé (Legier et Talin, 1973).

 

           

v      Situation géologique

 

Le contexte géologique est de premier plan : d’une part par la présence au Sud de l’Aille (rive droite) du massif des Maures appartenant à la période hercynienne (340 Millions d’années) et composée pour la plupart de roches métamorphiques dont la nature chimique est essentiellement siliceuse. La destruction de ce massif montagneux a donné naissance à la plaine des Maures,  composée de roches sédimentaires détritiques (conglomérat, grès, pélite argileuse) dont la nature chimique est également siliceuse. Des intrusions volcaniques provenant à la fois du massif de l’Estérel et des Maures apparaissent dans la plaine sous forme de coulées importante de rhyolites. D’autre part, la partie Nord (rive gauche) est constituée de roche sédimentaire de l’ère secondaire datées du Trias (220 Millions d’années) : gypse, dolomie, calcaire. Elles affleurent sous forme de corniche biens visibles dans la topographie. Les déformations de ces roches au cours de la formation des Alpes (70 Millions d’années à nos jours)  sont bien visibles et apparaissent sous forme de plis, de fracture et de strates redressées (Mr Garcia).

En ce qui concerne l’Aille, le contexte physico-chimique est d’un grand intérêt car les sous-bassins versants qui l’alimente permettent des apports siliceux et calcaires de nature opposée. Cette rivière qui traverse la plaine des Maures reçoit des eaux de deux bassins versants distincts : du massif des Maures en rive droite et des terrains calcaires en rive gauche. Le sol siliceux argileux du massif des Maures est acide et très imperméable tandis que celui des terrains calcaire est plutôt basique et possède la propriété de retenir l’eau (aquifère). L’imperméabilité du lit de la rivière ne permet pas d’apport d’eau souterrain important comme c’est le cas en Provence calcaire (BOUZIDI, 1983).

Il faut souligné le caractère intermittent des affluents de la rive droite. En effet, ceux-ci ne sont conséquents qu’après des précipitations et sont quasiment inexistant en période sèche. Au contraire, en rive gauche ce sont des apports karstiques qui alimentent l’Aille tout au long de l’année. Ainsi, en période d’étiage l’Aille est constituée essentiellement par ces affluents.

 

v      Connaissance du bassin versant

 

Il s’agit dans cette partie de faire l’inventaire des sources de pollutions susceptibles d’avoir des conséquences sur la qualité de l’Aille.

 

o        Stations d’épurations

 

    Plusieurs STEP alimente la partie amont du réseau hydrographique de l’Aille par leurs rejets : celle de Gonfaron, du Luc, du Cannet des Maures, des Mayons et de la Garde Freinet. Seul le rejet de la STEP de Gonfaron s’effectue directement dans l’Aille. Les autres STEP déversent dans des affluents, aussi nous nous intéresserons particulièrement à celle de Gonfaron.

    L’exploitation celle-ci a été confiée à la SVAG par la mairie, par contrat en date du 23/01/03 et pour une durée de douze ans. J’ai d’ailleurs rencontré Mr Coudert, directeur de l’antenne du Luc dont Gonfaron fait partie, lors d’un entretien riche en enseignements.

Cette STEP construite en 1984  utilise un système de trois lagunes successives pour traiter les effluents par voie biologique. L’épuration repose en effet sur la dégradation de la matière carbonée par des bactéries aérobies en culture libre et d’algues. Une bonne oxygénation des bassins est donc essentielle pour que le système soit efficace. On peut d’ailleurs noter à cet effet la présence récente de quatre aérateurs sur les bassins. Il n’y a pas de traitement physico-chimique effectué sur ce site. Seul un dégrillage est mis en place en entrée. L’efficacité d’épuration d’un système de lagunage nécessite un temps de séjour des effluents correct et un volume suffisant des bassins.

Lors de sa construction en 1984, le lagunage possédait une capacité de 4000eqh[10] mais depuis, la définition de la charge de pollution d’un eqh a été revue à la hausse. C’est pourquoi  aujourd’hui sa capacité est seulement de 3000eqh.

Ce type de traitement supporte très mal les fluctuations aussi bien hydrauliques que de la charge de pollution, les micro-organismes étant très sensibles. Le réseau de collecte des eaux usées étant mal isolé, une quantité importante d’eau de pluie le rejoint. Ainsi, après chaque précipitation conséquente le débit d’entrée dans la STEP est trop élevé et perturbe donc toute la population de micro-organismes. Cela entraîne une mauvaise épuration des effluents lors des jours suivants. Il a également été noté des débits d’arrivé trop élevé en période de vendange. Ceci est dû au déversement illégal dans le réseau de collecte par certaines caves peu scrupuleuses de leurs déchets. Les bassins ne peuvent alors plus épurer efficacement les effluents et les populations de micro-organismes sont à nouveau perturbées.

L’un des inconvénients d’un traitement par lagunage est l’obtention d’une eau de sortie d’un vert intense (voir annexe n°3). Cette couleur est dû à la prolifération naturelle des micro-algues dans les bassins. Des observations microscopiques réalisés par l’exploitant ont permis d’identifier des Cyanophycées (Merismopedia spp) et des Englenophycées (Phacus et Euglena). Afin de supprimer ceci, un système de filtration par un tambour rotatif dont le vide de maille est de 10µm a été mis en place depuis six mois. Il s’agit d’un essai pilote en Europe, la technique n’est donc pas encore au point. Ainsi, à ce jour malgré l’ajout de floculant en tête du dernier bassin, la suppression de la teinte verte de l’eau de sortie n’est pas efficace, comme le montre la photo ci-dessous prise à l’endroit du rejet de la STEP. Il existe cependant une méthode chimique pleinement efficace pour l’élimination de cette « teinture » mais elle n’a pas été adoptée à cause de son coût trop élevé.

L’étude de 1997 avait d’ailleurs montrée la présence d’une forte pollution phosphorée sur l’ Aille en aval du rejet de la STEP. Le lagunage ne permet donc pas une élimination efficace de l’azote et du phosphore, sans doute à cause d’un temps de séjour dans les lagunes trop faible et d’une charge de pollution entrante trop importante. Les riverains ont également constaté une odeur nauséabonde se dégageant parfois des bassins de lagunage et de leur rejet.

Il apparaît clairement que l’installation aujourd’hui en place à Gonfaron n’est plus adéquate. Ce type de traitement par lagunage est très peu répandu en France et la STEP de Gonfaron est à ce jour la seule dans le Var à l’utiliser. Il est aujourd’hui seulement envisagé en tant que traitement tertiaire et non comme traitement à part entière comme c’est le cas ici. La création d’une nouvelle unité de traitement est d’ailleurs envisagé par la mairie qui a récemment entamée les démarches administratives. Ainsi, un schéma directeur d’assainissement est en cours d’élaboration sur Gonfaron. Il permettra de faire un état des lieux précis ainsi que de choisir la solution la plus adaptée, aujourd’hui et dans le futur. La mise en place d’un réseau séparatif pour les eaux pluviales est également indispensable. Il faudra cependant compter 7 à 8 ans avant que cette nouvelle structure soit en fonctionnement. Il apparaît donc essentiel de continuer l’exploration des divers moyens permettant d’améliorer de la qualité du rejet d’ici ce délai. La lourdeur des démarches administratives ralentit considérablement toute action entreprise.

Depuis février 2000, conformément à la réglementation, un système d’auto surveillance a été mis en place. Cela permet un meilleur suivi du fonctionnement de la STEP. La lecture du dossier présentant le bilan de fonctionnement de la STEP sur toute l’année 2006 (récupéré à la mairie de Gonfaron) fut très intéressante.

Il y est clairement marqué que l’usine de Gonfaron ne dispose pas des équipements permettant de respecter le niveau de rejet. Celui-ci est d’ailleurs non conforme à la directive européenne : 60% des analyses effectuées sur le rejet chaque mois ne sont pas conformes aux arrêtés du 22 décembre 1994. Elle est en effet non performante pour l’élimination des MES et de la DCO. Il y est également marqué que les trois bassins de lagunage mériteraient d’être curés : l’accumulation de boues de décantation réduit le volume des bassins et donc diminue leur capacité épuratoire.

En 2006, le volume d’entrée dans la station était de 240891m3, soit une moyenne de 659m3/j. La charge hydraulique moyenne était de 95% et la charge polluante moyenne en DBO5 de 51%. Le DTG[11] a notamment été dépassé cent fois. En observant le détail des volumes journaliers entrants, on peut s’apercevoir qu’il n’est entré que 24m3 le 8 décembre 2006. En regardant le détail des précipitations (annexe n°4) on peut s’apercevoir qu’il y a justement eut des grosses précipitations ce jour là. L’infiltration des eaux de pluies dans le réseau des eaux usées a ensuite conduit à un volume à traiter trop important pour la STEP. Les effluents ont donc certainement été déversés directement dans l’Aille, sans passer par l’usine de traitement, d’où l’observation d’un volume traité si bas.

En 2006 le taux d’assainissement collectif était de 92,06%. Le reste des foyers doit donc avoir un système de traitement individuel. Malheureusement, certains ne le possédant pas, ils envoient alors directement leurs eaux usées dans la rivière.

Cette STEP possède la certification de « qualité du service » (ISO 9001) mais pas la certification environnementale (ISO 14001).

Pour certain le coût de traitement des eaux usées (0,82 euros/m3) peut paraître trop élevé mais Veolia fait judicieusement remarquer que comparé à d’autres frais quotidien ce n’est pas forcément le cas. Ainsi, en moyenne le coût d’assainissement journalier d’un foyer Gonfaronnais moyen (330l/j) sera de 0,27 euros.

 

o        Effluents domestiques non traités

 

Un rejet domestique qui s’effectue directement dans un cours d’eau, sans traitement préalable, peut avoir un fort impact sur sa qualité.

Aucun travail d’inventaire des rejets urbains et des prélèvements d’eau dans l’Aille aux abords de Gonfaron n’avait été réalisé jusqu’ici. C’est pourquoi nous avons trouvé nécessaire et utile que je m’en charge. Le déroulement de celui-ci est présenté dans la partie « matériel et méthode ». Les résultats de cet inventaire sont présentés en annexe 1.

Nous avions également prévus de parcourir le tronçon du Maraval qui traverse Gonfaron mais environ 350m après sa confluence avec l’Aille nous avons dû renoncer à remonter son lit car la végétation était impénétrable. Lors de notre excursion nous avons pu remarquer que la rivière accueillait un nombre incalculable de déchets en tous genres. L’atteinte d’un tel niveau de végétation et d’amoncellement des déchets résulte du non entretien du lit de l’Aille  depuis plusieurs années.

D’après la législation, un riverain est propriétaire de la berge et de la moitié du lit du cours d’eau. Il a le devoir d’entretenir la partie qui lui appartient. Cependant, très peu de gens le réalise et donc inéluctablement les déchets en tout genre s’accumule dans l’ Aille. Seule la police de l’eau est habilitée pour les obliger à satisfaire ce devoir. Mais beaucoup de riverains ignore cette loi et donc la mairie pourrait jouer un rôle d’information de ceux-ci.

De nombreuses pompes pour l’arrosage des jardins ont également été répertoriées. Le cumul des prélèvements est important et peut avoir une influence non négligeable sur le débit de l’Aille, surtout en période d’étiage.

 

o        Autres sources de pollution

 

La rencontre avec le maire de Gonfaron, Mr Orengo, a permis de répondre à quelques une de mes interrogations.

En 1983 le recensement indiquait un nombre de 2250 Gonfaronnais. En 2007, la population est estimée à 3481 habitants. Ainsi, en vingt-quatre ans la démographie a subit une croissance de 55%. Le PLU [12] prévoit dans les 15/20 ans à venir l’atteinte d’une population à hauteur de 6000 habitants. Aussi, il est logique que plus une population est importante, plus la demande en eau est élevée et plus le volume d’effluent à traiter est important. Un accroissement conséquent et rapide de la population peut donc être à l’origine d’une dégradation du milieu.

Les ressources en eau potable du village sont multiples : les sources d’Entraigues,  des sources du Massif des Maures et le Maraval, lorsqu’il est encore en eau.

Exceptées les caves vinicoles, aucune activité industriel n’est recensée sur la commune de Gonfaron. Toutes les fabriques de bouchons en liège ont fermées ainsi que l’usine d’engrais à base de composte.

 

v      Stations d’étude

 

Les stations d’étude ont été choisies en cohérence avec une étude sur la qualité de l’Aille réalisée en 1998 sur la demande du Conseil Général du Var, par le bureau d’étude Aquascop, la maison régionale de l’eau de Barjols et par le laboratoire d’écologie des eaux continentales méditerranéennes, afin de pouvoir comparer mes résultats avec ces derniers.

Nous avons déterminé quatre stations d’études numérotées de A à D (voir figure n°1). Celles-ci sont identiques à l’étude du Conseil Général, sauf la dernière qui se situe plus amont afin d’être plus près de la confluence avec le Riautort.

 

o        Station A : lieu dit « les Moulins »

Il s’agit de la station de référence pour notre étude.

Elle se situe en aval du village de Gonfaron et des confluences avec le Maraval et Front Fraye mais en amont de la STEP (voir figure n°1).

Ses coordonnées géographique en Lambert II sont : X=921766m et Y=1821681m.

 

                                                 Figure n°2 : Photographie station A, lieu dit « les moulins »

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                                                  Figure n°3 : localisation station A sur carte IGN 1/25000

 

o        Station B : lieu dit « Bastide d’Aille »

Se situe en aval de la STEP de Gonfaron et des confluences avec la Nasque, l’Estagnol et le Réal d’Or (voir figure n°1).

Ses coordonnées géographique en Lambert II sont : X = 935636m et Y = 1823441m.

Figure n°4 : Photographie station B, lieu dit « Bastide d’Aille »

 

 

 Figure n°5 : localisation station B sur carte IGN 1/25000

 

o        Station C : lieu dit « la Basse Verrerie »

Elle se situe en aval des confluences avec le Mourrefrey et le Teissadon (voir figure n°1).Ses coordonnées géographique en Lambert II sont : X = 929275m et Y = 1825736m.

Figure n°6 : Photographie station C, lieu dit « la basse Verrerie »

 

 

Figure n°7 localisation station C sur carte IGN 1/25000

 

o        Station D : lieu dit « Bastide Constant »

Se situe plus en amont sur le cours d’eau par rapport à l’étude de 1998. L’intérêt de ce point de mesure est d’estimer l’impact de l’affluent majeur qu’est le Riautort. Il se situe en aval de plusieurs confluents qui reçoivent des rejets de STEP : le Rouré Trouca, le Riautort, le Saint-Daumas et le Neuf-Riaux (voir figure n°1).

La confluence du Riautort marque le changement de configuration du milieu : on passe du rhitron au potamon. Ainsi, cette station se situe exactement dans un milieu différent des autres.  Ses coordonnées géographique en coordonnées Lambert II sont : X = 931603m et Y = 1827551m.

Figure n°8 : Photographie station D, lieu dit « Bastide Constant »

 

Figure n°9 : localisation station D sur carte IGN 1/25000

 

III) Présentation des méthodes et du matériel utilisés

 

Les mesures physico-chimiques et les prélèvements d’invertébrés ont été réalisés le jeudi 19 avril 2007 avec un employé de la Maison Régionale de l’Eau et à l’aide de leur matériel.

 

1) Paramètres abiotiques

 

            Les paramètres physico-chimiques ont été mesurés à l’aide d’une sonde multifonction WTW multi 340i / set (annexe n°6), au milieu du cours d’eau à une profondeur moyenne de 10cm sous la surface.

Un courantomètre de marque Marsh Mc Birney et de type Pro-Mate a également été utilisé pour déterminé le débit sur chaque station, la surface mouillée et la vitesse moyenne (annexe n°7).

2) Paramètres biotiques

 La richesse biologique a été déterminée à l’aide de la méthode IBGN présentée ci-dessous.

L’indice biologique global normalisé permet d’évaluer la qualité générale d’un cours d’eau à partir de la qualité biologique de celui-ci, au moyen d’une analyse de la macrofaune benthique.

Il s’agit d’une méthode normalisée par l’AFNOR depuis 1992 (NF T 90-350) avec un protocole particulier à respecter. Celle-ci consiste à prélever des macro-invertébrés benthiques sur chaque station selon un protocole d’échantillonnage précis, en tenant compte des différents types d’habitats définis par la nature du substrat, la vitesse d’écoulement, la hauteur d’eau et la végétation. En effet, la faune benthique est considérée comme étant l’expression synthétique de la qualité de l’eau dans laquelle elle évolue.

La station d’étude est définie comme étant le tronçon de cours d’eau dont la longueur est sensiblement égale à dix fois la largeur du lit mouillé au moment du prélèvement qui doit s’effectuer en période de débit stabilisé depuis au moins 15 jours.

Pour chaque station, l’échantillon de faune benthique est constitué de huit prélèvements de 1/20m2 chacun, effectués séparément dans les huit faciès les plus représentatifs de la station. Ces prélèvements sont réalisés à l’aide d’un échantillonneur du type Surber dont la surface d’échantillonnage est de 1/20 m2 et dont le vide de maille du filet est de 500µm (annexe n°8), à la surface et sur les premiers centimètres des sédiments immergés de la rivière. Il faut distinguer dès le prélèvement les échantillons issus des milieux lotiques (courant rapide) et lenthiques (courant lent).

Quelques millilitres d’une solution d’alcool à 90% ou de formol sont ajoutés aux échantillons pour tuer et fixer les individus. Les échantillons sont ensuite conservés à température ambiante en attendant d’être triés.

Une identification des taxons prélevés a été réalisée en partie au laboratoire de l’IUT, puis à la Maison Régionale de l’Eau puis enfin au CEEP du Luc à l’aide d’une loupe binoculaire de grossissement x6 à x50 (annexe n°9) et d’un ouvrage de détermination (Henri Tachet, Invertébrés d’eau douce : systématique, biologie, écologie), dans le but d’attribuer une note à partir de la variété taxonomique de l’échantillon (nombre de taxons identifiés) et de son groupe faunistique indicateur (taxon le plus polluosensible). Pour être pris en compte, les taxons indicateurs doivent être représentés par au moins trois ou dix individus, selon les taxons.

Enfin, l’IBGN peut être exprimée par une note allant de 0 à 20, mais aussi par une couleur pour une représentation cartographique des résultats. Cependant, dans certain cours d’eau la note de 20 ne pourra jamais être atteinte malgré le fait qu’il soit d’excellente qualité (Wasson et Al. 2002, CEMAGREF [13])

 

3) Inventaire des sources de pollution dans le village de Gonfaron

 

Cet inventaire a été réalisé le 06/06/07, accompagné de mon maître de stage, en remontant le lit de la rivière en waders à travers la commune de Gonfaron. Nous sommes partis du point de rejet des lagunages et nous sommes remontés quasiment jusqu’aux sources de Font d’Aille. La progression fut très difficile car le cours d’eau est très peu entretenu. Les points de rejets et de prélèvements ont été notés à l’aide d’un GPS (marque Magellan, modèle Explorist 600) puis transférés sur MapInfo. Des photographies de chaque ouvrage ont également été réalisées.

 

IV) Résultats

 

1) Paramètres abiotiques

 

v      Paramètres mesurés

 

Cours d'eau

Aille

Aille

Aille

Aille

Station

A

B

C

D

Date

19/04/2007

19/04/2007

19/04/2007

19/04/2007

Heure

10h15

11h30

14h20

15h45

 

 

 

 

 

Température air en °C

16,9

16

19,9

27,8

Température eau en °C

14,5

15,1

16,7

16,9

O2 en mg/L

9,48

8,6

11,1

11,62

O2 en %

94,9

84,8

111,9

120,82

Conductivité en µS

896

880

536

760

pH

7,86

7,76

7,95

7,77

 

 

 

 

 

Débit en m3/s

0,008

0,025

0,049

0,144

Surface mouillée en m2

0,221

0,379

0,259

1,69

Vitesse moyenne en m/s

0,035

0,026

0,191

0,085

Tableau n°1 : paramètres physico-chimiques

 

            Les mesures ont été effectuées durant la journée du jeudi 19 avril 2007, de 10h15 à 15h45, avec un ciel légèrement couvert durant la matinée mais qui s’est dégagé à partir de midi.

La température extérieure varie beaucoup entre la première et la dernière station : elle augmente de 10,9°C.

La température de l’eau augmente elle aussi d’amont en aval mais plus faiblement : elle se réchauffe de 2,4°C. Cependant il faut noté un refroidissement entre la station A et B (de 0,6°C) puis une stabilisation à environ 16,8°C en aval.

L’oxygène dissous dans l’eau subit une légère diminution entre la station A et B (de 0,88 mg/L) puis remonte nettement dans les deux dernières stations (de 3,2 mg/L).

En terme de pourcentage de saturation, l’oxygène suit la même évolution que précédemment : diminution de 10,1% entre la station A et B puis augmentation de 36,02% jusqu’à la dernière station.

La conductivité est stable entre la station A et B, chute de 344 µS à la C puis augmente de 224 µS à la dernière.

La variation de pH entre les différents points de mesures est très faible : la plus grand écart est de 0,19 unités, soit 2,4%. Il reste élevé sur l’ensemble des stations.

Le débit augmente constamment tout au long du cours d’eau : d’abord légèrement entre les stations A et C (de 0,041 m3/s) puis fortement jusqu’à la dernière (de 0,095 m3/s).

Au final, du point le plus amont vers celui le plus en aval la rivière a très fortement grossie (de 0,136 m3/s, soit 1700%).

Cependant, la vitesse moyenne ne suit pas du tout la même évolution : très légère perte de vitesse entre la station A et B (de 0,009 m/s), puis accélération de 0,165 m/s à la C et pour finir, ralentissement de 0,106 m/s au dernier site.

Au final, du point le plus amont vers celui le plus en aval la vitesse moyenne augmente peu (0,05 m3/s, soit 143%).

Les surfaces mouillées quant à elles suivent l’évolution inverse de la vitesse : augmentation de 0,158 m2 entre A et B, puis légère diminution en C (de 0,120 m2) et pour finir, très forte élévation (de 1,431 m2).

Au final, du point le plus amont vers celui le plus en aval la section mouillée a fortement augmentée (de 1,469 m2, soit 665%).

 

v      Hydrologie

 

La connaissance des débits 2006/2007, couplée à celle des précipitations sur le site d’étude nous permettra de définir à quel niveau se situait l’Aille dans son cycle hydrologique, au  moment de notre prélèvement (le 19/04/07).

L’Aille étant à sec durant la période estivale, son cycle hydrologique débute dès lors qu’un débit minimal est assuré, sans interruption (phase inondée). Cela varie donc suivant les années. Nous considérerons que pour cette année 2006/2007 il débute le 19/10/06 (voir annexe n°2). Il s’agit d’une reprise d’écoulement tardive, puisqu’ en général elle se situe dans le mois de septembre. Le cycle hydrologique nous intéresse particulièrement et donc pour une meilleure représentativité septembre sera le point de départ des graphiques ci-dessous.

 

Figure n°10 : Comparaison des débits

Les débits représentés dans le graphique ci-dessus proviennent des données enregistrées par la DIREN[14] PACA[15] sur leur station de mesure du Baou, près de Vidauban. Les coordonnées en Lambert II de cette station sont : X=933923m et Y=1830169m. Des mesures journalières de débits y sont effectuées et ces données sont régulièrement mises à jour sur le site de la Banque Hydro (www.meteo.besse83.free.fr/index.htm).

On peut constater que cette année les débits sont nettement inférieurs aux moyennes calculées sur 40 ans, mis à part pour le mois de décembre qui fut ponctué de deux crues majeurs, le 3 et le 8 décembre, (voir annexe n°9) contribuant donc fortement à hausser le débit moyen mensuel.

 

Figure n°11 : Comparaison des précipitations

Les précipitations représentées ci-dessus proviennent de la banque de donnée enregistrée par la station météo de Besse-sur-Issole et disponible sur Internet (www.rhone-mediterranée.eaufrance.fr). Cette station est très proche de l’Aille et l’on considérera donc les mesures enregistrées par celle-ci comme étant proches de celle ayant eut lieu sur le bassin versant de l’Aille.

On peut remarquer, comme pour les débits, que les précipitations de cette année sont inférieures aux moyennes (calculées sur 14 ans), mis à part pour les mois de décembre et de mars où elles sont légèrement supérieures.

On peut dire que cette année l’Aille se situe dans une année sèche, tant au niveau de la pluviométrie que des débits, les deux étant très liés.

En effet, beaucoup de ces affluents se situent en rive droite (voir figure n°1) sur des terrains très imperméables, engendrant donc un fort apport d’eau par ruissellement. Ainsi, chaque grosse période pluvieuse est immédiatement suivie d’une crue.   Le débit de l’Aille est fortement tributaire des précipitations, les apports d’eau des aquifères de la rive gauche étant faibles. Ceci est montré par la grande similitude entre les graphiques des débits et des précipitations. Ainsi, le déficit pluviométrique associé aux températures élevées de la période estivale (évaporation importante) conduit à un assèchement très marqué en été.

      Lors de l’étude l’Aille était toujours en phase inondée, l’écoulement étant continu.

 

2) Paramètres biotiques   

 

v      IBGN

 

Les fiches complètes permettant d’obtenir les notes IBGN sont disponibles en annexe n°11, 12 ,13 et 14.

Il faut noté que la note consolidée est obtenue à partir de la note totale mais sans le groupe faunistique indicateur qui est le taxon le plus polluosensible. Cela permet de connaître la fiabilité de l’IBGN obtenue et ainsi vérifier la pertinence du résultat.

 

Figure n°12 : Bilan des IBGN obtenus

      Station A

La note obtenue est de 14 pour cette station, elle a été déterminée à partir de 29 taxons différents et de Sericostomatidae (trichoptère de classe 6) comme groupe faunistique indicateur. La différence avec la note consolidée est de 2 points et considérée comme non négligeable. Il semblerait donc que l’IBGN de cette station ait été légèrement sur évalué. Le nombre de taxons est plus élevé dans le lent (25 contre 19) mais le groupe faunistique indicateur est de meilleur sensibilité dans le rapide (6 contre 2). 

Il faut cependant noté que la polluosensibilité de Sericostomatidae est sûrement surestimée et donc que les résultats obtenus l’ont été également. 

On considérera pour notre étude qu’il s’agit de la station de référence même si elle est déjà impactée en amont par les rejets domestiques lors de son passage dans le village de Gonfaron.

 

o        Station B

La note obtenue est de 10 pour cette station, elle a été déterminée à partir de 32 taxons différents et de Baetidae (éphéméroptère de classe 2) comme groupe faunistique indicateur. La différence avec la note consolidée est nulle. Il semblerait donc que l’ IBGN obtenu sur cette station soit particulièrement fiable.

Le nombre de taxons est cependant plus élevé dans le rapide (24 contre 19) mais les groupe faunistiques indicateurs sont de même sensibilité (2).

 

o        Station C

La note obtenue est de 17 pour cette station, elle a été déterminée à partir de 29 taxons différents et de Perlodidae (plécoptère de classe 9) comme groupe faunistique indicateur. La différence avec la note consolidée est de quatre points. Il semblerait donc que l’ IBGN obtenu sur cette station ait été nettement surestimé. L’excellente note obtenue doit être seulement du à la présence de Perlodidae car en le supprimant, le nouveau taxon indicateur devient Nemouridae (plécoptère de classe 6). La station n’apparaît pas homogène autour du taxon indicateur.

Le nombre de taxons est plus élevé dans le lent (24 contre 18) mais le taxon indicateurs  est nettement plus sensible dans le rapide (9 contre 2).

 

o        Station D

La note obtenue est de 16 pour cette station, elle a été déterminée à partir de 28 taxons différents et de Chloroperlidae (plécoptère de classe 9) comme taxon indicateur. La différence avec la note consolidée est nulle. Il semblerait donc que l’ IBGN obtenu sur cette station soit particulièrement fiable.

Le nombre de taxons est plus élevé dans le lent (24 contre 20) mais taxon indicateur du lotique est plus sensible (9 contre 6).

 

v      Evolution des IBGN

 

Figure n°13 : Evolution des IBGN

            Ce graphique reprend les IBGN obtenus dans le cadre de l’étude menée par le Conseil Général du Var en 1998. Deux campagnes de prélèvements avaient été menées : en février 98 et en juin 98. Cependant, avant de pouvoir être comparé, les résultats doivent être replacés dans le contexte hydraulique de l’Aille. En effet, un IBGN peut varier en fonction de la date du prélèvement, de la hauteur d’eau, des crues passées, etc. Ainsi il faut prendre en compte qu’en février le peuplement optimal n’était sûrement toujours pas atteint et qu’en juin les larves de plécoptères sont généralement absentes des cours d’eau car elles ont finies leur cycle biologique et sont donc déjà passées au stade adulte qui est aérien (imago). Il est donc compréhensible d’obtenir des notes légèrement supérieures. En revanche, si l’on observe une diminution cela signifierait alors que l’état s’est nettement dégradé.

            Sur la station A, que ce soit en 1998 ou cette année, aucune larve de plécoptère n’a été observée.

Sur la station B la note a perdu trois points par rapport à février 98 et un point par rapport à juin de la même année. L’état de l’Aille à cet endroit semble donc s’être dégradé.

Sur la station C on observe une augmentation de l’IBGN de trois points par rapport à février 98 et de six points par rapport à juin de la même année.

Sur la station D on observe une augmentation de huit points par rapport à février 98 et de quatre points par rapport à juin de la même année.

 

v      Régimes trophiques

 

Figure n°14 : Régime alimentaire des invertébrés prélevés sur chaque station

            Les données contenues dans ce graphique ont été obtenues à l’aide d’un programme de la Maison Régionale de l’Eau. En rentrant dans le programme le nom des taxons identifiés celui-ci nous indique plusieurs caractéristiques sur ces derniers, dont leur mode de nutrition, leur habitat préférentiel, leur sensibilité à divers pollution, etc.

            On peut remarquer la dominance dans la majorité des stations (A, C, D) des organismes mangeurs de sédiments fins. Ils représentent dans tous les cas au moins 35% des individus prélevés. Les invertébrés filtreurs sont également très présents en amont du rejet de la STEP (B, C, D) mais en proportion plus faible alors qu’ils étaient très faiblement représentés sur la première station (2%). Les brouteurs/racleurs occupent une faible part dans les prélèvements (<8%) jusqu’à la dernière station où ils  sont représentés à hauteur de 28%. La part des prédateurs sur chaque site est également très faible mais semble être stable aux alentours de 2%.

Sur la station A les mangeurs de sédiments fins ont totalement colonisé le milieu, ils représentent ainsi 90% des peuplements. Les autres modes de nutrition sont extrêmement peu représentés, chacun ayant une proportion inférieur à 5%.

En revanche la station B est la seule où le milieu n’est pas dominé par les mangeurs de sédiments fins. Les filtreurs sont ainsi majoritaires avec une part à hauteur de 53% dans les peuplements. Ce sont ensuite les mangeurs de sédiments fins qui sont les plus présents avec une proportion de 38%. Les invertébrés s’alimentant différemment sont très peu présent même si l’on peut remarquer que les brouteurs/racleurs représentent presque 10% du prélèvement.

Les mangeurs de sédiments fins dominent largement dans le prélèvement réalisé sur la station C, avec une proportion de 72%. En revanche on peut noter par rapport à la première station l’accroissement de la part occupée par les brouteurs/racleurs (21%).

Le prélèvement effectué sur la station D est marqué par le fait que des individus de trois modes de nutrition différents dominent, avec des proportions proches : brouteurs/racleurs, filtreurs et mangeurs de sédiments fins représentants  respectivement 28, 32 et 39% des peuplements.

L’ IBGN obtenu sur la station B étant très faible par rapport aux autres, l’analyse  des régimes trophiques est affinée afin d’ en comprendre la raison. C’est pourquoi le graphique ci-dessous représente les invertébrés en fonction de leur mode de nutrition également, mais en distinguant la partie lenthique de la partie lotique.

 

Figure n°15 : proportion des invertébrés de la station B, en fonction de leur mode de nutrition

 

            Le milieu lotique est largement dominé par les organismes filtreurs (61%) mais les mangeurs de sédiments fins sont tout de même bien représentés avec 32% du peuplement. Les brouteurs/racleurs et les prédateurs sont très faiblement représentés (<5%), tandis que d’autres sont totalement absent comme les détritivores et les algivores.

            Le milieu lenthique paraît plus homogène malgré la nette dominance des mangeurs de sédiments fins à hauteur de 61%. Par rapport au lotique leur proportion a quasiment doublée. On peut noter que les filtreurs, largement présents dans le lotique, ont quasiment disparu ici (1%). A l’inverse, on compte ici de nombreux brouteurs/racleurs (25%). Les prédateurs également sont mieux représentés, représentant ainsi 10% du peuplement. En revanche les algivores sont toujours absents.

 

V) Analyse des résultats

 

L’ensemble des mesures a été effectué au cours de la journée du jeudi 19 avril 2007. Le ciel étant couvert le matin mais qui s’étant dégagé vers midi, on comprend donc pourquoi l’écart de température extérieure est si conséquent entre la première et dernière station d’étude (10,9°C).

 

v      Débits

 

Le débit est le paramètre essentiel de tout cours d’eau, sa mesure est donc très importante. En effet, il conditionne de nombreux autres paramètres tels le courant, l’oxygénation de l’eau, sa température, la dilution des substance dissoute, la diversité des habitats, les connexions notamment avec les réservoirs biologiques, la morphologie du lit et des berges, et surtout le transport de matière. En effet, c’est le rapport débit/rejet de STEP qui conditionne la sédimentation : plus le volume déversé est élevé par rapport au débit du milieu d’accueil et plus le dépôt est important et rapide.

Il est important de noté que nos valeurs mesurées correspondent eu débit instantané. Le débit résulte en fait du produit de la section mouillée par la vitesse moyenne du courant. Logiquement, on remarque qu’il augmente d’amont en aval, de la station A à la D. La station A est proche des sources de l’Aille (3 km), seul le Maraval (rive gauche) et le ruisseau de Font Frey (rive droite) se jette dans la rivière. Ces deux affluents sont temporaires et s’assèchent très tôt dans la saison et jouent donc un rôle minime dans le débit de l’Aille, d’où l’observation d’un débit aussi bas (0,008 m3/s).

En aval, entre le point A et B le débit augmente (de 0,017 m3/s) grâce à l’apport des différents affluents périodiques (Estagnol en rive gauche, ruisseau de Nasque et Réal  d’Or en rive droite), des résurgences et en période de sécheresse essentiellement grâce aux rejets de la STEP de Gonfaron. Cela pose un sérieux problème à l’étiage car le rejet de STEP n’est alors plus dilué et son impact sur le milieu est très conséquent. Cette année étant particulièrement très sèche ( des mesures de restrictions d’eau dans le Var ont déjà été prises début avril par le préfet), on craint les conséquences du rejet sur la vie aquatique.

Ensuite, le débit double entre le point B et C et passe donc à 0,049 m3/s essentiellement par l’apport du Mourrefrey mais également du ruisseau du Tessadon, des Mourgues et de Roure Toucas, tous en rive droite.

La forte augmentation (0,095 m3/s) constatée entre l’avant dernière et la dernière station s’explique par l’apport d’un affluent majeur en rive gauche, le Riautort mais également par l’apport en rive droite du ruisseau des Mines, de St Daumas, des Neufs Riaux et des Mourgues. L’intérêt de ce dernier point de mesure est d’estimer l’impact du Riautort sur la qualité de l’Aille.

D’une manière générale, le débit de l’Aille est déjà très faible par rapport à la saison où il a été mesuré, notamment à cause des prélèvements d’eau en amont (dans  le Maraval pour l’eau potable et dans l’Aille pour les jardins). Ceci est très préoccupant pour la période estivale car il n’y aura vraisemblablement que très peu de recharge en eau des nappes souterraines d’ici là. Cela laisse envisager un à-sec sévère et prolongé de l’Aille cet été. La faiblesse du débit accentuera l’impact des pollutions (notamment les rejets de STEP et domestiques) et des extrêmes climatologiques, réduira la diversité des habitats et des connexions possibles et conduira à un moins d’oxygène dissous dans l’eau.

Une des originalités de l’Aille réside dans le fait que les débits de ses affluents en rive gauche sont souvent plus importants que son propre débit, surtout en période estivale.

 

v      Température

 

La température dépend directement de la vitesse du courant. Plus le courant est faible, plus les variations de température sont rapides et conséquentes. En effet, l’eau « stagne » plus longtemps et subit donc plus fortement l’action des paramètres extérieurs. Cependant, d’une manière générale l’eau est toujours plus fraîche près des sources que dans la partie aval. C’est ce que l’on constate en observant les valeurs mesurées : 14,5°C au point A et 16,9°C au point D.

La faible augmentation (0,6°C) entre le point A et B indique que le rejet de la STEP a une influence mineure sur la température de l’Aille, au moment du prélèvement tout du moins. En effet, en période hivernale l’eau de la rivière est très froide et le rejet doit donc représenter un apport d’eau chaude dans le milieu.

A partir du point C la température semble stabilisée aux alentours de 16,8°C mais il aurait fallu des mesures réalisées plus en aval pour le confirmer.

En région méditerranéenne particulièrement, la ripisylve influence énormément la température de l’eau. Elle permet d’éviter un réchauffement trop important de l’eau en la protégeant des rayons du soleil. Ainsi, le fort développement rivulaire de l’Aille est essentiel pour retarder au maximum les effets estivaux.

 

v      Oxygène

 

L’oxygène dissous dans l’eau dépend de plusieurs paramètres dont la température et le courant. En effet, lorsque le courant est élevé le brassage de l’eau est efficace et son oxygénation est donc meilleure. De plus, plus la température est élevée, plus le taux de saturation en gaz dissous est faible et donc plus la capacité de l’eau en oxygène est faible, l’eau est rapidement saturée.

Etant donné le fort développement végétal sur l’Aille (ripisylve et micro-algues), il est important de distinguer la phase « jour » pendant laquelle les végétaux réalisent la photosynthèse et la phase « nuit » pendant laquelle ils respirent. Ainsi, lors de la première phase le taux d’oxygène dissous dans l’eau sera élevé grâce à la forte production d’oxygène par les végétaux. Au contraire, lors de la seconde phase l’oxygène disponible pourra atteindre des valeurs très faibles à cause de l’importance de la respiration.

L’oxygène dissous dans l’Aille est élevé sur l’ensemble des points de mesures (>8,6mg/L) tout comme le taux de saturation (>85%). Nous étions en période « jour » lors des mesures et il est donc normale d’observer des valeurs assez élevées. De plus, de nombreuses petites chutes d’eau tout au long de la rivière permettent un bon brassage et donc par conséquence une bonne oxygénation de l’eau mais ceci est de faible importance par rapport à la production d’oxygène par photosynthèse. Cependant, avec un tel développement végétal on aurait pu s’attendre à trouver un taux d’oxygène dissous dans l’Aille plus élevé.

Il faut noter depuis quelques années la présence sur les bassins de lagunage d’un aérateur destiné à pallier le léger manque d’oxygène de l’eau de rejet de la STEP. En effet, lors de la campagne menée en mai/juin 1998 par le Conseil Général du Var, l’oxygène était présent sur la station B à hauteur de 6,8mg/L et le taux de saturation était de 71%. Ces valeurs n’étaient pas catastrophiques mais elles étaient tout de même inférieures à celles mesurées sur le reste du cours d’eau. Au niveau de l’oxygène dissous la situation s’est donc légèrement améliorée depuis 1998 même si l’on peut toujours remarquer que la valeur mesurée en amont du rejet de la STEP (B) est la plus faible de toutes et qu’elle traduit un mauvais fonctionnement de celle-ci.

Cette « amélioration » a une explication saisonnière. En effet, nous avons réalisé nos mesures en avril, période où l’eau est encore fraîche et en quantité satisfaisante (brassage important). Le taux de saturation en gaz élevé est élevé, l’activité végétale importante et l’activité des micro-organismes peu développée.

Lors de l’étude de 1998, les mesures ont été effectuées en juin, en pleine phase d’exondation. Le brassage de l’eau était alors moins important voire inexistant (débit plus faible), le taux de saturation en gaz plus faible (température plus élevée), l’activité des micro-organismes importante. Ainsi, on comprend qu’il est logique d’observer un taux d’oxygène dissous plus important lors de notre étude (Nisbet Vernaux, 1970).

           

v      PH

 

L’ensemble des stations de mesure présente un pH élevé et stable, traduction de l’importance des apports basiques de la rive gauche de l’Aille (terrains calcaires) et des détergents contenus dans les effluents urbains. Les eaux de la rivière sont toutefois tamponnées par l’apport acide des affluents provenant du Massif des Maures (rive droite). Les espèces présentes dans l’Aille doivent donc être adaptées à des eaux légèrement alcalines.

Il faut cependant noté qu’on s’attendait à observer des valeurs beaucoup plus élevées (>8,5). En effet, l’activité des plantes favorise la précipitation des ions carbonates, et donc rend le pH de l’eau plus basique. L’effet tampon des affluents de la rive droite ne suffit pas à expliquer la faible alcalinité mesurée sur l’Aille. Aussi, celle-ci peut être dû à un léger disfonctionnement de la sonde à pH.

 

v      Conductivité

 

Les valeurs élevées de conductivité constatées sur l’ensemble des points de mesures s’expliquent essentiellement par la richesse minéralogique des eaux drainant les terres calcaires du bassin versant en rive gauche ainsi que par l’importance des MES[16]. Cela souligne que l’essentiel des apports d’eau provient de la rive gauche.

De plus, les valeurs nettement supérieures sur les deux premières stations doivent être dues aux apports des effluents domestiques pour la station A et aux rejets de la station d’épuration pour la station B.

La faiblesse de la valeur mesurée sur la station C traduit l’importance de la sédimentation en aval de la STEP ainsi que la forte capacité auto-épuratoire de l’Aille.

La légère hausse constatée sur la dernière station doit être due à l’apport du Riautort qui reçoit tout de même par le Riautort les rejets des stations d’épuration du Luc (10000eqh) et du Cannet des Maures (3000eqh)

 

v      IBGN

 

Au moment des prélèvements, mi-avril, l’Aille était en fin de phase inondée. Les peuplements d’invertébrés ont donc eut la possibilité de se développer pleinement et les plécoptères n’ont toujours pas terminé leur cycle biologique et sont donc toujours présents. C’était sans doute la meilleure période pour effectuer l’étude car la richesse maximale du milieu a dû être atteinte.

Après une phase inondée prolongée le peuplement benthique est proche de celui que l’on pourrait observer sur un cours d’eau permanent : en plus des espèces adaptées aux milieux temporaires (avec des cycles biologiques courts) sont également présentes des espèces avec un cycle biologique plus long que le cycle hydrologique de la rivière. Ainsi, beaucoup de ces derniers meurent lors de la période exondée mais certains parviennent tout de même à survivre de plusieurs manières :

-soit, lorsque le lit de la rivière est meuble et perméable, en s’enfouissant profondément dans les sédiments, vivant ainsi près de la nappe d’accompagnement. Mais ce n’est pas le cas de l’Aille.

-soit sous une forme de résistance appelée diapause, à l’état d’œuf ou de larve.

Ce sont alors elles qui vont recoloniser en premier le milieu lors de sa remise en eau, notamment par dérive des individus (Legier, 1979).

La densité de la ripisylve est un facteur écologique très important dans ce contexte méditerranéen. En effet, elle limite l’accroissement de la température de l’eau et les fortes évaporations. Ainsi, on constate dans plusieurs régions méditerranéennes que les peuplements les plus diversifiés et abondants se trouve dans les secteurs bordés d’une ripisylve étoffée et ce autant chez les larves aquatiques que chez les imagos aériens (Giudicelli, 1995). En ce qui nous concerne, l’Aille présente une ripisylve fort développée jouant pleinement son rôle de protection. Nous pouvons d’ailleurs remarquer une grande variété taxonomique dans les échantillons prélevés (toujours supérieur à 18 taxons).

 

o        Station A

 

Il s’agit de la station de référence. Aussi, l’attribution d’une note de 14 peut paraître faible pour un point censé représenter au mieux le cours d’eau lorsqu’il est en bon état, non impacté. On comprend cependant la faiblesse de cette note lorsque l’on observe la position géographique de ce point. En effet, il se situe juste en aval du village de Gonfaron. Comme j’ai pu le vérifier moi-même (voir annexe n°1), des effluents domestiques sont déversés dans la rivière au cours de son passage dans l’agglomération. Le débit de l’Aille étant très faible à ce niveau et donc la capacité épuratoire et de dilution aussi, l’impact de ces rejets doit être important. Il faudra donc prendre en compte que notre station de référence est déjà impactée.

Les conditions sont moins bonne dans le lenthique : j’ai en effet pu remarquer que le dépôt de matière organique était important car l’intensité du courant est faible. Cela se traduit par la prolifération des mangeurs de sédiments fins (Canidae et Chironomidae) qui représentent ici 90% du peuplement (figure n°14). Au niveau des taxons polluosensibles, seul un Séricostomidae (GI[17] 6) a été observé dans le lenthique (on peut donc dire que c’est insignifiant) tandis que dans le lotique j’ai dénombré neuf Hydroptilidaes (GI 5) et huit Sericostomidaes. La présence de ces taxons polluosensibles est permise grâce à la présence du chenal principal où l’oxygénation est suffisante.

Ainsi, malgré la note assez élevée de 14, l’absence de taxons très sensibles à la pollution, et la prolifération des mangeurs de sédiments fins laissent penser que la station A n’est pas dans son état optimal, confirmant bien l’impact non négligeable des effluents du village.

Malgré tout, par rapport aux deux campagnes de l’étude de 1998 la note est en augmentation de deux points. Ceci peut être la traduction d’un effort concernant la limitation des effluents en amont : plusieurs caves ont été verbalisées pour avoir déversée illégalement, sans aucun traitement, leurs déchets dans la rivière et contrôle par la DDAF[18] du site de décharge (piles, batterie, etc.) situé au bord du cours d’eau et qui contaminait l’Aille par ruissellement. Théoriquement des mesures ont été prises par la commune pour y remédier, cependant ce site de stockage existe toujours et les contaminations sont donc toujours possibles. Mais il est plus vraisemblable que cette amélioration soit liée à la saison de prélèvement. En effet, nous étions en phase de peuplement optimale en avril. Nous obtenons ainsi un grand nombre de taxons différents  et comme les GI sont de même niveau, cela conduit à l’obtention d’une note supérieure.

 

o        Station B

 

Parmi toute les stations, c’est pour celle-ci que l’IBGN est le plus faible (10). Il faut sans doute y voir une relation directe avec son positionnement en aval du rejet de la STEP de Gonfaron (voir annexe n°4). L’absence de taxon polluosensible (présence de deux Nemouridae dans le lotique mais qui n’ont pas été pris en compte dans la note car trop peu nombreux) indique que l’ensemble de la station doit être fortement perturbé, malgré un taux d’oxygène convenable. La charge de pollution apportée par le rejet de la STEP est trop importante par rapport à la capacité du milieu. La présence de dépôt également dans le lotique et la faible saturation est oxygène en sont la conséquence. Même le brassage dans le chenal principal ne permet pas la présence de taxons polluosensibles.

La prolifération des invertébrés filtreurs (Simulidae) dans le lotique (62% du peuplement) traduit le fait que l’eau s’est fortement chargée en matière en suspension (surtout des micro-algues) à cause du rejet des bassins de lagunage. Il est tout à fait normal de ne pas en retrouver dans le lenthique car la présence d’un courrant soutenu est essentielel à ces organismes filtreurs. En revanche on peut remarquer la croissance de la population de brouteurs/racleurs. Ceci est la conséquence du développement algale engendré par l’apport de nutriments (azote mais surtout phosphore) par le rejet de la STEP. Ceux-ci sont en effet mal éliminés par la lagune (voir partie I). La place occupée par les mangeurs de sédiments fins dans le lenthique reste élevée (61%), signe que le dépôt de matière organique est important dès que l’intensité du courrant diminue.

            De plus, Asellidae est un marqueur de milieu déposé et très impacté. Sa forte présence (voir annexe n° 12) démontre ainsi le mauvais état de l’Aille sur cette station.

La qualité de l’eau semble s’être encore dégradée par rapport à l’étude de 1998 alors que paradoxalement le traitement de la STEP devrait être plus efficace aujourd’hui (présence d’aérateurs et d’un système de filtration). Ceci est peut être la conséquence de l’augmentation de la population ainsi que la nécessité d’un nouveau curage des bassins.

 

o        Station C

 

D’après l’excellente note obtenue sur cette station (17) il semblerait que c’est l’endroit où la qualité de l’eau est la meilleure. L’écart important avec la note consolidée (4 points) traduit en fait dominance d’un habitat très défavorable : les dalles.

Cette station est caractérisée par la présence de deux parties aux caractéristiques très différentes. Le lenthique est marqué par un dépôt très important et un brassage très faible voire inexistant, d’où la forte présence d’Asellidae. Cette partie est presque isolée du chenal principal où le courant est très élevé et permet donc la présence de nombreux polluosensibles. Il n’y a aucun taxon polluosensible dans le lenthique et l’excellente note obtenue résulte donc essentiellement de la partie lotique. Malgré cette réserve sur la fiabilité de l’IBGN obtenu, il apparaît clairement en comparant avec les résultats de la station précédente que la capacité auto-épuratoire de l’Aille est importante. L’impact du rejet de la STEP des Mayons dans le Mourrefrey ne se fait pas ressentir sur ce site, la décantation dans les affluents a sans doute été suffisante.

La différence avec la campagne de juin 1998 peut paraître énorme (6 points) mais ceci est essentiellement dû à la disparition des larves de plécoptères en juin du fait de leur passage à l’état adulte. Donc si l’on prend en compte que la note que nous avons obtenus a été surestimée, on peut considérer que l’état de cette station a peu varié depuis la précédente étude.

 

o        Station D

 

La qualité de l’eau semble être très bonne si l’on se réfère à l’excellente note obtenue (16). De plus, celle-ci paraît fiable étant donné qu’il n’y a pas de différence avec la note consolidée.

Le peuplement d’invertébrés benthiques est homogène, il n’y a pas de prolifération d’un régime trophique particulier (tous inférieurs à 40%). Des taxons polluosensibles sont présents dans le lent (Nemouridae) comme dans le rapide (Chloroperlidae et Perlodidae). Ainsi, tout indique que l’état de cette station est très satisfaisant, démontrant encore la forte capacité auto-épuratoire de l’Aille. Cette station n’est cependant pas comparable avec la précédente car nous nous situons maintenant dans la partie potamale de l’Aille.

La différence avec l’IBGN obtenue en juin 1998 (quatre points) peut s’expliquer en partie par l’absence des larves de plécoptères à cette époque, du fait qu’elles sont déjà passées à l’état adulte (imago). Cependant, l’écart de huit points avec la campagne précédente de février semble tout de même indiquer une amélioration de la rivière à cet endroit.

Le Riautort, affluent majeur de l’Aille dont l’état n’était pas très bon il y a quelques années, semble n’avoir aucun impact négatif la qualité de l’Aille à cet endroit. Ceci peut s’expliquer par l’amélioration des rejets des STEP du Luc et du Cannet des Maures ainsi que par la sédimentation importante jusqu’à la confluence avec l’Aille.

 

Bilan

 

Il est important de noter qu’une crue est survenue 15 jours (voir annexe n°2) avant les prélèvements. Le cours d’eau a ainsi été nettoyé et cela a certainement contribué à l’amélioration de l’état de l’Aille. Le station la plus en aval paraît être celle pour qui cette crue a été le plus bénéfique. En effet, sur cette station le problème de dérive des invertébrés a été minime du fait de sa position géographique.

 

En apparence l’état général de l’Aille paraît meilleure qu’en 1998 mais comme aucune mesure particulière n’a été prise dans ce but, ceci doit être dû à la saisonnalité. L’influence de celle-ci est essentielle dans les résultats. En fonction de la phase où l’on se trouve le peuplement n’est pas au même stade de développement. Ainsi, la note obtenue est conditionnée par la période de prélèvement.

 

L’absence d’invertébré benthique polluosensible, couplée au faible taux de saturation en oxygène sur la station B montre que le rôle épuratoire de la STEP n’est pas pleinement rempli. Le rejet des bassins de lagunage est dégradant pour la qualité de l’Aille. Celle-ci présente à partir de la station C, malgré des perturbations importantes en amont, une richesse biologique intéressante dès lors que l’habitat est favorable. Comme l’étude de 1998 le soulignait, l’Aille possède une capacité auto-épuratoire élevée.

 

CONCLUSION

 


L’analyse des résultats confirme le témoignage des riverains (Mr Barelli, Mr Monaco, Mr Millet et Mr Astésana entre autres) : l’état de l’Aille est perturbé, notamment à cause d’une épuration pas assez efficace de la part de la STEP de Gonfaron.

Le rapport d’activité en 2006 de cette STEP montre indéniablement qu’elle n’est pas aux normes européennes et que son rejet a un impact sur la qualité de l’Aille. Ceci est également confirmé par l’analyse de nos résultats en aval de celle-ci (station B).

Les rejets domestiques non traités déversés dans l’Aille lors de son passage à travers Gonfaron contribuent à la dégradation de sa qualité. Les résultats obtenus sur la station A le confirment.

Vraisemblablement, l’objectif de la DCE ne sera pas atteint en 2015 à moins d’un investissement très élevé. Aussi, la valeur patrimoniale de l’Aille, dans un contexte de mise en réserve naturelle de la plaine des Maures, mérite de faire jouer la solidarité afin que le coût supporté par la population locale ne soit pas disproportionné.

Aussi, les démarches administratives et des études pour l’amélioration du traitement des eaux usées  de Gonfaron sont en cours.

 

BIBLIOGRAPHIE

 

 

ANGELIER E., 2000, Ecologie des eaux courantes. ed. Tec & Doc, 193p

BOUZIDI A., 1983, Cours d’eau temporaires du massif des Maures. Hydrologie, hydrochimie, Organisation et évolution de leurs peuplements. Thèse, Univ. Aix-Marseille III. 179 p

Conseil Général du Var, Etude sur l’Aille en 1998 réalisée par le bureau d’étude Aquascop, la maison régionale de l’eau de Barjols et par le laboratoire d’écologie des eaux continentales méditerranéennes

Données Banque hydro : www.rhone-mediterranée.eaufrance.fr

Fédération du Var pour la Pêche et la Protection des Milieux Aquatiques, PDPG  réalisé par BONNEFOUX Olivier, avril 2002

GARRONE C., 1999, Etude de deux cours d’eau au régime temporaire : l’Aille et le Préconil (83), rapport DESS « Qualité et Traitement des eaux ». Univ. de Franche-Comté.

GIUDICELLI J, Dakki M., Dia A, 1985, Caractéristiques abiotiques et hydrologiques des eaux courantes méditerranéenne. Verh. Internat. Verein. Limnol., 22 : 2094-2101

Henri Tachet, Invertébrés d’eau douce : systématique, biologie, écologie, avril 2000

Legier P., 1979, Ecologie des ruisseaux temporaires de Provence et les informations qu’elle apporte sur la naissance, la maturation et la structure d’un écosystème d’eau courante. Thèse, Univ. Aix-Marseille III, 320p 

Legier p., talin J., 1973, Comparaison des ruisseaux permanents et temporaires de la Provence calcaire. Annals. Limnol., 9 (3) : 273-292 

LEGIER P., TERZIAN E., 1981, Les milieux aquatiques temporaires de Provence : Résistance des invertébrés à l’assèchement des habitats. Ecologica Mediterranea, 7 (1) : 113-129 

NISBET M., VERNEAUX J, 1970, Composantes chimiques des eaux courantes, Discussion et proposition de classes en tant que bases d’interprétation des analyses chimiques. Annals. Limnol., 6 (2) : 161-190 

Station météo amateur de Besse/Issole : www.meteo.besse83.free.fr/index.htm 

Véolia Eau, dossier STEP de Gonfaron, 2006 

WASSON JG., CHANDESRIS A., PELLA H.,  BLANC L., 2002, Les hydro-écorégions de France métropolitaine, approche régionale de la typologie des eaux courantes et éléments pour la définition des peuplements de référence d’invertébrés. Rapport du Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement et du CEMAGREF, 190 p. 

 

ANNEXES

 

      Liste des annexes

 

o        Annexe n°1 : Bilan de l’inventaire 

 

o        Annexe n°2 : débit de l’Aille, octobre 2006

 

o        Annexe n°3 : Débit de l’Aille, avril 2007

 

o        Annexe n°4 : relevé des précipitations à la station météo de Besse/Issole, décembre 2006

 

o        Annexe n°5 : photographie du rejet des bassins de lagunage

 

o        Annexe n°6 : photographie de la sonde WTW multi 340i / set

 

o        Annexe n°7 : photographie du courantomètre

 

o        Annexe n°8 : photographie d’un Surber

 

o        Annexe n°9 : photographie d’une loupe binoculaire

 

o        Annexe n°10 : affiche d’information sur la conférence

 

o        Annexe n°11 : IBGN station A

 

o        Annexe n°12 : IBGN station B

 

o        Annexe n°13 : IBGN station C

 

o        Annexe n°14 : IBGN station  

 

Annexe n°1 : Bilan de l’inventaire

 

Point

Coordonnée X

Coordonnée Y

Commentaire

1

922910

1822067

barrage artificiel + pompage RD[19]

2

922829

1822085

buse RD sans rejet apparent

3

922630

1822120

rejet caravane RG[20]

4

922197

1822061

décharge RG

5

922174

1822052

rejet domestique

6

922042

1821904

rejet RG

7

922026

1821911

pompage

8

921877

1821883

pompage RG

9

921858

1821854

pompage RG

10

921849

1821830

pompage

11

921772

1821694

pompage

12

921674

1821657

rejet domestique

13

921616

1821653

pompage

14

921608

1821650

pompage

15

921560

1821626

2 pompages

16

921544

1821602

décharge "des pompiers" RG

17

921526

1821568

eau lavage matériel municipal

18

921360

1821346

pollution diffuse : dépôt de lie de vin

19

921318

1821190

pompage RD

20

921306

1821180

pompage

21

921186

1821025

2 pompages + truites mortes

22

920882

1820602

pollution diffuse : dépôt de lie de vin

23

920682

1820371

pompage

24

920628

1820305

pollution diffuse : odeur nauséabonde + eau trouble

25

921194

1821066

rejet domestique

 

Annexe n°2 : débit de l’Aille, octobre 2006

 

Annexe n°3 : Débit de l’Aille, avril 2007

 

 

Annexe n°4 : relevé des précipitations à la station météo de Besse/Issole, décembre 2006

 

 

Précipitations

Date

Total du jour (mm)

Durée (h)

Intensité maxi sur 5 mn (mm/h)

01/12/2006

0,4

0,17

2,4

02/12/2006

36,8

7,5

31,2

03/12/2006

11,8

2,75

19,2

04/12/2006

0,2

0,08

2,4

05/12/2006

1

0,42

4,8

06/12/2006

19,4

3,58

24

07/12/2006

0

0

0

08/12/2006

35,8

6,17

16,8

09/12/2006

0

0

0

10/12/2006

0

0

0

11/12/2006

0

0

0

12/12/2006

0,2

0,08

2,4

13/12/2006

0

0

0

14/12/2006

0,2

0,08

2,4

15/12/2006

0,2

0,08

2,4

16/12/2006

7,8

1,33

16,8

17/12/2006

0,3

0,08

2,4

18/12/2006

0

0

0

19/12/2006

0,2

0

0

20/12/2006

0,2

0,08

2,4

21/12/2006

0,2

0,08

2,4

22/12/2006

0,2

0,08

2,4

23/12/2006

0,2

0

0

24/12/2006

0,2

0,08

2,4

25/12/2006

0,2

0

0

26/12/2006

0,2

0,08

2,4

27/12/2006

0,2

0,08

2,4

28/12/2006

0,4

0,17

2,4

29/12/2006

0,2

0,08

2,4

30/12/2006

0,4

0,08

2,4

31/12/2006

0,3

0,08

2,4

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Annexe n°5 : photographie du rejet des bassins de lagunage

 

Annexe n°6 : photographie de la sonde WTW multi 340i / set

Annexe n°7 : photographie du courantomètre

Annexe n°8 : photographie d’un Surber

 

 

 
 
 


Annexe n°9 : photographie d’une loupe binoculaire

 

Annexe n°10 : affiche d’information sur la conférence

 

LES AMIS DE GONFARON

proposent :

 

Complément d’étude

sur la qualité de l’Aille

 

Conférence / débat.

 

Compte rendu de l’étude effectuée par Mr Bordier,

étudiant en Génie de l’Environnement à l’IUT de Toulon / La Garde, sur la qualité des eaux de l’Aille.

 

Présence de Mr Olivari, directeur de la Maison Régionale de l’Eau.

 

Salle de la mairie annexe (rue du 4 Septembre)

 

Mardi 26 juin à 18h

 

Entrée libre.

 

 n°12 : IBGN station A

 

Annexe n°13 : IBGN station B

 

Annexe n°14 : IBGN station C

 

 

Annexe n°15 : IBGN station D

 

[1] Indice Biologique Global Normalisé

[2] Conservatoire - Etude des Ecosystèmes de Provence

[3] STation d’EPuration

[4] Zone Naturelle d’ Intérêt Faunistique et Floristique

[5] Zone d’ Importance Communautaire pour les Oiseaux

[6] Zone de Protection Spéciale

[7] Programme d’Intérêt Général

[8] Plan Départemental pour la Protection du milieu aquatique et la le Gestion des ressources piscicoles

[9] Association Agréée Pour la Protection des Milieux Aquatiques

[10] Equivalent Habitant

[11] Domaine de Traitement Garantie

[12] Plan Local d’ Urbanisme

[13] Centre national du Machinisme Agricole, du Génie Rural et des Eaux et Forets

[14] Direction Régionale de l ‘Environnement

[15] Provence, Alpes, Côte d’ Azur

[16] Matière En Suspension

[17] Groupe Indicateur

[18] Direction Départementale de l’Agriculture et des Forets

[19] Rive Droite

[20] Rive Gauche