Compte rendu de l’étude
effectuée par Mr Bordier,
étudiant en Génie de l’Environnement à l’IUT de Toulon / La Garde, sur la qualité des eaux de l’Aille.
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I) Présentation de l’association
des « amis de Gonfaron »
II) Présentation du lieu de stage
v Caractéristiques des cours d’eau temporaires
v Connaissance du bassin versant
III) Présentation des méthodes et
du matériel utilisés
3) Inventaire des sources de
pollution dans le village de Gonfaron
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La protection des
milieux aquatiques me touchant particulièrement, mon stage de fin d’année s’est
naturellement porté sur ce sujet. Celui-ci s’inscrit dans la continuité de mon
stage précédant à la fédération pour la pêche et la protection des milieux
aquatiques d’ Eure-et-Loir. Avec le soutien de la Maison Régionale de l’Eau de
Barjols, j’ai donc choisi d’étudier la qualité d’un cours d’eau temporaire,
l’Aille, et en particulier sur la partie amont.
Mon
étude portera essentiellement sur l’analyse des paramètres physico-chimiques de
bases du milieu et de la macro faune benthique par la méthode des IBGN[1] ainsi
que sur un travail de bibliographie et de collecte de données (CEEP[2],
étude du Conseil Général du Var en 1998, DESS de Garrone C., association des
« amis de Gonfaron », etc.). Je communiquerai ensuite les résultats
de mon étude lors d’une conférence le 26/06/07 à la mairie de Gonfaron ouverte
à tous. Elle sera suivi d’un débat où chacun pourra exposer son point de vue
ainsi que ses arguments (voir annexe n°10).
L’Aille présente plusieurs particularités de par son régime hydrologique, la nature de son lit et de son bassin versant, sa richesse écologique extrême, la beauté des paysages environnant, etc. qui font que cette rivière mérite qu’une attention particulière lui soit portée, qui font qu’elle mérite d’être protégée.
Les riverains ainsi que
divers utilisateurs de cette eau tels les pêcheurs constatent une détérioration
chronique de la qualité de l’Aille en particulier depuis 1995 à tous les niveaux (visuel, olfactif,
biologique). Plusieurs associations (les Amis de Gonfaron, Ethique
Environnement, les Amis de l’Aille) ont déjà alerté les administrations
compétentes dans le but d’améliorer cette situation très grave (dossier monté
par l’association des « Amis de Gonfaron » et adressé au préfet).
Plusieurs paramètres leur font penser que la station d’épuration du village de
Gonfaron serait responsable pour la majeure partie de cette pollution chronique
accentuée en période d’étiage. Je tenterais ainsi par mon étude d’apporter une
réponse quant à l’impact réel de cette STEP[3] sur la qualité de l’Aille, tout en recherchant
les autres sources susceptibles de provoquer une dégradation de celle-ci. L’
Aille subit lors de son passage dans le village de Gonfaron les déversement de
rejets domestiques non traités. Ces derniers n’étant pas précisément
identifiés, je réaliserais également l’inventaire des rejets ainsi que celui
des prélèvements d’eau.
Ce rapport comporte quatre parties : la présentation
du lieu d’étude, la présentation des méthodes et du matériel utilisés, la
présentation des résultats et l’analyse de ceux-ci.
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L’association
a été déclarée le 18 septembre 1995 en sous préfecture de Brignoles, sous le N°
2.495, J. O. 18/11995 n°42.
Le siège est basé au
domicile de son président, Paul Garcia, qui est également mon tuteur.
Cette association qui
comporte une trentaine d’adhérent a pour objet :
-toutes études, initiatives, actions ou
publications, de tout ordre et de toute nature, tendant à contribuer au
développement de la commune de Gonfaron, l’amélioration de son image ou de la
défense de l’intérêt de ses habitants
-de défendre et de promouvoir un
développement durable de la commune
-d’éditer et de diffuser périodiquement le
journal « le saviez-vous ? »
-d’organiser des activités pédagogiques et
éducatives auprès du public et des enfants pour faire connaître la commune de
Gonfaron, son environnement, les valeurs patrimoniales de Provence, pour
sensibiliser à son histoire y compris par l’encadrement de groupes
-d’aider solidairement les adhérents à faire
valoir leurs droits dans leurs rapports avec l’administration communale
-de permettre l’organisation de toute
manifestation au bénéfice de l’association dans les buts ci dessus.
Récemment
elle a pris part notamment aux enquêtes publiques sur l’extension de la
décharge du Balançan pour 15 ans de plus, sur la mise en réserve naturelle
nationale de la plaine des Maures et sur la régularisation du site
d’exploitation n°3 de la décharge du Balançan.
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Mon
stage concerne l’étude de la qualité du haut de l’Aille, en particulier
l’impact de la station d’épuration de la commune de Gonfaron au cœur du Var, où
j’étais d’ailleurs logé.
La plaine des Maures est
un lieu biologiquement très riche, c’est un lieu privilégié pour de nombreuses
espèces animales et végétales. Elle abrite de nombreuses espèces protégées
telles la tortue d’Hermann, la tortue Cistude, la petite isoète de Durieu et
bien d’autres encore. Elle bénéficie de plusieurs mesures de protection
particulières (ZNIEFF[4],
ZICO[5], ZPS[6], Natura 2000, PIG[7])
et fait d’ailleurs l’objet d’une demande de mise en réserve naturelle
nationale.
Le paysage magnifique de cette plaine constituée d’affleurements de dalles de grès roses et de pins parasols qui rappelle un peu la savane contribue à la nécessité de protéger ce lieu exceptionnel.
Figure
n°1 : présentation du site d’étude (cartographie réalisée sous MapInfo)
Elle
prend sa source à l’ouest de Gonfaron, au lieu dit de la Bergerie, à 190m
d’altitude, puis traverse la commune de Gonfaron pour finalement se jeter dans
l’Argens 29 km après sa naissance près de la commune des Arcs, au lieu-dit de
Font d’ Aille. La superficie de son bassin versant est de 229km2.
Il
s’agit d’une rivière à régime temporaire, c’est-à-dire qu’en période estivale
une partie du cours d’eau est asséché. Les températures élevées, l’ampleur et
la fréquence des crues ainsi que la sévérité des étiages sont les phénomènes
majeurs auxquels doivent faire face les peuplements des cours d’eau
méditerranéens comme l’Aille (GIUDICELLI &
al. 1985). La vie qui s’y développe est donc adaptée à ces
conditions particulières, d’où sa grande richesse patrimoniale. L’Aille est
caractérisée par le contraste entre le milieu lenthique (qui est dominant et où
le dépôt de matière organique est très important) généralement en anoxie et le
milieu lotique (qui se résume à un étroit chenal principal, souvent creusé au
sein même de la roche mère).
Elle
est classée en 2ème catégorie piscicole, les cyprinidés d’eau vive
(Chevesne, Barbeau méridionale, Goujon, Blageon) y sont l’espèce repère (d’après le PDPG[8]
réalisé par la Fédération du Var pour la Pêche et la Protection des Milieux
Aquatiques). Les droits de pêche sont partagés entre plusieurs AAPPMA[9]
(AAPPMA de Vidauban, AAPPMA de Cabasse - Le Luc), Conservatoire du Littoral
(Lac des Escarcets), Office National des Forêts et les riverains propriétaires.
Il n’y a pas de mesures particulières concernant la pêche. A ce jour, aucune
mesure d’aménagement ou d’entretien particulier du cours d’eau n’a été
effectuée.
Sa ripisylve est un lieu de biodiversité floristique et animale d’une grande richesse qui mérite d’être pris en considération en respectant au mieux l’Aille. Une partie de son lit est d’ailleurs compris dans le projet de réserve naturelle nationale de la plaine des Maures.
Par
définition, le cycle hydrologique des cours d’eau temporaire comporte quatre
phases (Legier, 1979) : phase
d’inondation, phase inondée, phase d’exondation et phase exondée.
La
vitesse de remise en eau après la phase exondée va ensuite dépendre du mode
d’alimentation du cours d’eau. Lorsque le cours d’eau est alimenté par une
nappe au travers d’un substrat perméable, la vitesse est faible. Par contre
dans les ruisseaux s’écoulant sur un substrat imperméable comme c’est le cas de
l’Aille, la remise en eau sera soudaine (Legier
et Terzian, 1981). Cette
brutalité est accentuée d’autant plus par le caractère orageux des
précipitations dans la région méditerranéenne. On considère que pour ce type de
cours d’eau la phase d’inondation est quasiment inexistante. Le cycle
hydrologique débute directement par la phase inondée.
Pendant
celle-ci (fin de l’automne, hiver, printemps), les cours d’eau se comportent
comme des écosystèmes lotiques. Les paramètres physico-chimiques du milieu
présentent une stabilité similaire à celle des ruisseaux permanents. La durée
de la période inondée dépend des précipitations et de la température
extérieure, du niveau de la nappe et de la perméabilité du substrat.
Durant la phase
d’exondation, le débit va diminuer jusqu’à ce que l’écoulement soit
intermittent puis seules les dépressions resteront en eau, formant des flaques.
Celles-ci vont alors se comporter comme des milieux d’eau stagnante. Nous
sommes alors en phase exondée. L’ à-sec peut être partiel ou total sur
l’ensemble du cours d’eau (Angellier, 2000). Les
paramètres abiotiques vont devenir très instables (Legier
et Talin, 1973). La température de l’eau va être fortement liée aux
températures extérieures. Ainsi, la stagnation des eaux, les fortes
températures estivales et l’intensité lumineuse élevée sont souvent à l’origine
d’une prolifération végétale (diatomées benthiques, algues filamenteuses,
etc.). Cette prolifération végétale et algale, la température et
l’intermittence de l’écoulement va fortement influencer la teneur en oxygène
dissous du milieu. Dans les flaques larges et peu profondes des sursaturations
peuvent avoir lieu dans la journée (jusqu’à 150%). Dans les cuves profondes et
les fissures étroites où la faible intensité limite les développements de
producteurs primaires, l’oxygène dissous du milieu va être consommé jusqu’à ce
que le milieu présente un déficit poussé (Legier
et Talin, 1973).
Le
contexte géologique est de premier plan : d’une part par la présence au
Sud de l’Aille (rive droite) du massif des Maures appartenant à la période
hercynienne (340 Millions d’années) et composée pour la plupart de roches
métamorphiques dont la nature chimique est essentiellement siliceuse. La
destruction de ce massif montagneux a donné naissance à la plaine des
Maures, composée de roches
sédimentaires détritiques (conglomérat, grès, pélite argileuse) dont la nature
chimique est également siliceuse. Des intrusions volcaniques provenant à la
fois du massif de l’Estérel et des Maures apparaissent dans la plaine sous
forme de coulées importante de rhyolites. D’autre part, la partie Nord (rive
gauche) est constituée de roche sédimentaire de l’ère secondaire datées du
Trias (220 Millions d’années) : gypse, dolomie, calcaire. Elles affleurent
sous forme de corniche biens visibles dans la topographie. Les déformations de
ces roches au cours de la formation des Alpes (70 Millions d’années à nos
jours) sont bien visibles et
apparaissent sous forme de plis, de fracture et de strates redressées (Mr Garcia).
En
ce qui concerne l’Aille, le contexte physico-chimique est d’un grand intérêt
car les sous-bassins versants qui l’alimente permettent des apports siliceux et
calcaires de nature opposée. Cette rivière qui traverse la plaine des Maures
reçoit des eaux de deux bassins versants distincts : du massif des Maures
en rive droite et des terrains calcaires en rive gauche. Le sol siliceux
argileux du massif des Maures est acide et très imperméable tandis que celui
des terrains calcaire est plutôt basique et possède la propriété de retenir
l’eau (aquifère). L’imperméabilité du lit de la rivière ne permet pas d’apport
d’eau souterrain important comme c’est le cas en Provence calcaire (BOUZIDI, 1983).
Il faut
souligné le caractère intermittent des affluents de la rive droite. En effet,
ceux-ci ne sont conséquents qu’après des précipitations et sont quasiment
inexistant en période sèche. Au contraire, en rive gauche ce sont des apports
karstiques qui alimentent l’Aille tout au long de l’année. Ainsi, en période
d’étiage l’Aille est constituée essentiellement par ces affluents.
Il s’agit
dans cette partie de faire l’inventaire des sources de pollutions susceptibles
d’avoir des conséquences sur la qualité de l’Aille.
Plusieurs
STEP alimente la partie amont du réseau hydrographique de l’Aille par leurs
rejets : celle de Gonfaron, du Luc, du Cannet des Maures, des Mayons et de
la Garde Freinet. Seul le rejet de la STEP de Gonfaron s’effectue directement
dans l’Aille. Les autres STEP déversent dans des affluents, aussi nous nous
intéresserons particulièrement à celle de Gonfaron.
L’exploitation
celle-ci a été confiée à la SVAG par la mairie, par contrat en date du 23/01/03
et pour une durée de douze ans. J’ai d’ailleurs rencontré Mr Coudert, directeur
de l’antenne du Luc dont Gonfaron fait partie, lors d’un entretien riche en enseignements.
Cette
STEP construite en 1984 utilise un système de trois lagunes successives
pour traiter les effluents par voie biologique. L’épuration repose en effet sur
la dégradation de la matière carbonée par des bactéries aérobies en culture
libre et d’algues. Une bonne oxygénation des bassins est donc essentielle pour
que le système soit efficace. On peut d’ailleurs noter à cet effet la présence
récente de quatre aérateurs sur les bassins. Il n’y a pas de traitement
physico-chimique effectué sur ce site. Seul un dégrillage est mis en place en
entrée. L’efficacité d’épuration d’un système de lagunage nécessite un temps de
séjour des effluents correct et un volume suffisant des bassins.
Lors
de sa construction en 1984, le lagunage possédait une capacité de 4000eqh[10] mais
depuis, la définition de la charge de pollution d’un eqh a été revue à la
hausse. C’est pourquoi aujourd’hui sa
capacité est seulement de 3000eqh.
Ce
type de traitement supporte très mal les fluctuations aussi bien hydrauliques
que de la charge de pollution, les micro-organismes étant très sensibles. Le
réseau de collecte des eaux usées étant mal isolé, une quantité importante
d’eau de pluie le rejoint. Ainsi, après chaque précipitation conséquente le
débit d’entrée dans la STEP est trop élevé et perturbe donc toute la population
de micro-organismes. Cela entraîne une mauvaise épuration des effluents lors
des jours suivants. Il a également été noté des débits d’arrivé trop élevé en
période de vendange. Ceci est dû au déversement illégal dans le réseau de
collecte par certaines caves peu scrupuleuses de leurs déchets. Les bassins ne
peuvent alors plus épurer efficacement les effluents et les populations de
micro-organismes sont à nouveau perturbées.
L’un des
inconvénients d’un traitement par lagunage est l’obtention d’une eau de sortie
d’un vert intense (voir annexe n°3). Cette couleur est dû à la prolifération
naturelle des micro-algues dans les bassins. Des observations microscopiques
réalisés par l’exploitant ont permis d’identifier des Cyanophycées
(Merismopedia spp) et des Englenophycées (Phacus et Euglena). Afin de supprimer
ceci, un système de filtration par un tambour rotatif dont le vide de maille
est de 10µm a été mis en place depuis six mois. Il s’agit d’un essai pilote en
Europe, la technique n’est donc pas encore au point. Ainsi, à ce jour malgré
l’ajout de floculant en tête du dernier bassin, la suppression de la teinte
verte de l’eau de sortie n’est pas efficace, comme le montre la photo
ci-dessous prise à l’endroit du rejet de la STEP. Il existe cependant une
méthode chimique pleinement efficace pour l’élimination de cette
« teinture » mais elle n’a pas été adoptée à cause de son coût trop
élevé.
L’étude
de 1997 avait d’ailleurs montrée la présence d’une forte pollution phosphorée
sur l’ Aille en aval du rejet de la STEP. Le lagunage ne permet donc pas une
élimination efficace de l’azote et du phosphore, sans doute à cause d’un temps
de séjour dans les lagunes trop faible et d’une charge de pollution entrante
trop importante. Les riverains ont également constaté une odeur nauséabonde se
dégageant parfois des bassins de lagunage et de leur rejet.
Il
apparaît clairement que l’installation aujourd’hui en place à Gonfaron n’est
plus adéquate. Ce type de traitement par lagunage est très peu répandu en
France et la STEP de Gonfaron est à ce jour la seule dans le Var à l’utiliser.
Il est aujourd’hui seulement envisagé en tant que traitement tertiaire et non
comme traitement à part entière comme c’est le cas ici. La création d’une nouvelle
unité de traitement est d’ailleurs envisagé par la mairie qui a récemment
entamée les démarches administratives. Ainsi, un schéma directeur
d’assainissement est en cours d’élaboration sur Gonfaron. Il permettra de faire
un état des lieux précis ainsi que de choisir la solution la plus adaptée,
aujourd’hui et dans le futur. La mise en place d’un réseau séparatif pour les
eaux pluviales est également indispensable. Il faudra cependant compter 7 à 8
ans avant que cette nouvelle structure soit en fonctionnement. Il apparaît donc
essentiel de continuer l’exploration des divers moyens permettant d’améliorer
de la qualité du rejet d’ici ce délai. La lourdeur des démarches
administratives ralentit considérablement toute action entreprise.
Depuis février 2000, conformément à la
réglementation, un système d’auto surveillance a été mis en place. Cela permet
un meilleur suivi du fonctionnement de la STEP. La lecture du dossier présentant le bilan de fonctionnement de la STEP
sur toute l’année 2006 (récupéré à la mairie de Gonfaron) fut très
intéressante.
Il y est clairement marqué que l’usine de Gonfaron ne dispose pas des équipements permettant de respecter le niveau de rejet. Celui-ci est d’ailleurs non conforme à la directive européenne : 60% des analyses effectuées sur le rejet chaque mois ne sont pas conformes aux arrêtés du 22 décembre 1994. Elle est en effet non performante pour l’élimination des MES et de la DCO. Il y est également marqué que les trois bassins de lagunage mériteraient d’être curés : l’accumulation de boues de décantation réduit le volume des bassins et donc diminue leur capacité épuratoire.
En 2006, le volume d’entrée dans la station était de
240891m3, soit une moyenne de 659m3/j. La charge
hydraulique moyenne était de 95% et la charge polluante moyenne en DBO5 de
51%. Le DTG[11]
a notamment été dépassé cent fois. En observant le détail des volumes
journaliers entrants, on peut s’apercevoir qu’il n’est entré que 24m3
le 8 décembre 2006. En regardant le détail des précipitations
(annexe n°4) on peut s’apercevoir qu’il y a justement eut des grosses
précipitations ce jour là. L’infiltration des eaux de pluies dans le réseau des
eaux usées a ensuite conduit à un volume à traiter trop important pour la STEP.
Les effluents ont donc certainement été déversés directement dans l’Aille, sans
passer par l’usine de traitement, d’où l’observation d’un volume traité si bas.
En 2006 le
taux d’assainissement collectif était de 92,06%. Le reste des foyers doit donc
avoir un système de traitement individuel. Malheureusement, certains ne le
possédant pas, ils envoient alors directement leurs eaux usées dans la rivière.
Cette STEP
possède la certification de « qualité du service » (ISO 9001) mais
pas la certification environnementale (ISO 14001).
Pour certain
le coût de traitement des eaux usées (0,82 euros/m3) peut paraître
trop élevé mais Veolia fait judicieusement remarquer que comparé à d’autres
frais quotidien ce n’est pas forcément le cas. Ainsi, en moyenne le coût
d’assainissement journalier d’un foyer Gonfaronnais moyen (330l/j) sera de 0,27
euros.
Un rejet
domestique qui s’effectue directement dans un cours d’eau, sans traitement
préalable, peut avoir un fort impact sur sa qualité.
Aucun
travail d’inventaire des rejets urbains et des prélèvements d’eau dans l’Aille
aux abords de Gonfaron n’avait été réalisé jusqu’ici. C’est pourquoi nous avons
trouvé nécessaire et utile que je m’en charge. Le déroulement de celui-ci est
présenté dans la partie « matériel et méthode ». Les résultats de cet
inventaire sont présentés en annexe 1.
Nous avions également prévus de parcourir le tronçon du Maraval qui traverse Gonfaron mais environ 350m après sa confluence avec l’Aille nous avons dû renoncer à remonter son lit car la végétation était impénétrable. Lors de notre excursion nous avons pu remarquer que la rivière accueillait un nombre incalculable de déchets en tous genres. L’atteinte d’un tel niveau de végétation et d’amoncellement des déchets résulte du non entretien du lit de l’Aille depuis plusieurs années.
D’après la législation, un riverain est propriétaire de la berge et de la moitié du lit du cours d’eau. Il a le devoir d’entretenir la partie qui lui appartient. Cependant, très peu de gens le réalise et donc inéluctablement les déchets en tout genre s’accumule dans l’ Aille. Seule la police de l’eau est habilitée pour les obliger à satisfaire ce devoir. Mais beaucoup de riverains ignore cette loi et donc la mairie pourrait jouer un rôle d’information de ceux-ci.
De nombreuses pompes pour l’arrosage des jardins ont également été répertoriées. Le cumul des prélèvements est important et peut avoir une influence non négligeable sur le débit de l’Aille, surtout en période d’étiage.
La rencontre avec le maire de Gonfaron, Mr Orengo, a permis de répondre à quelques une de mes interrogations.
En 1983 le recensement indiquait un nombre de 2250 Gonfaronnais. En 2007, la population est estimée à 3481 habitants. Ainsi, en vingt-quatre ans la démographie a subit une croissance de 55%. Le PLU [12] prévoit dans les 15/20 ans à venir l’atteinte d’une population à hauteur de 6000 habitants. Aussi, il est logique que plus une population est importante, plus la demande en eau est élevée et plus le volume d’effluent à traiter est important. Un accroissement conséquent et rapide de la population peut donc être à l’origine d’une dégradation du milieu.
Les ressources en eau potable du village sont multiples : les sources d’Entraigues, des sources du Massif des Maures et le Maraval, lorsqu’il est encore en eau.
Exceptées les caves vinicoles, aucune activité industriel n’est recensée sur la commune de Gonfaron. Toutes les fabriques de bouchons en liège ont fermées ainsi que l’usine d’engrais à base de composte.
Les
stations d’étude ont été choisies en cohérence avec une étude sur la qualité de
l’Aille réalisée en 1998 sur la demande du Conseil Général du Var, par le
bureau d’étude Aquascop, la maison régionale de l’eau de Barjols et par le
laboratoire d’écologie des eaux continentales méditerranéennes, afin de pouvoir
comparer mes résultats avec ces derniers.
Nous avons déterminé quatre stations d’études numérotées de A à D (voir figure n°1). Celles-ci sont identiques à l’étude du Conseil Général, sauf la dernière qui se situe plus amont afin d’être plus près de la confluence avec le Riautort.
Il s’agit de la station
de référence pour notre étude.
Elle se situe en aval du
village de Gonfaron et des confluences avec le Maraval et Front Fraye mais en
amont de la STEP (voir figure n°1).
Ses coordonnées
géographique en Lambert II sont : X=921766m et Y=1821681m.
Figure n°2 : Photographie station A, lieu dit « les
moulins »
>
Figure n°3 : localisation station A sur carte IGN 1/25000
Se situe en aval de la
STEP de Gonfaron et des confluences avec la Nasque, l’Estagnol et le Réal d’Or
(voir figure n°1).
Ses coordonnées
géographique en Lambert II sont : X = 935636m et Y = 1823441m.
Figure
n°4 : Photographie station B, lieu dit « Bastide d’Aille »
Figure n°5 : localisation station B sur
carte IGN 1/25000
Elle se situe en aval
des confluences avec le Mourrefrey et le Teissadon (voir figure n°1).Ses
coordonnées géographique en Lambert II sont : X = 929275m et Y = 1825736m.
Figure
n°6 : Photographie station C, lieu dit « la basse Verrerie »
Figure n°7
localisation station C sur
carte IGN 1/25000
Se situe plus en amont sur le cours d’eau par rapport à l’étude de 1998. L’intérêt de ce point de mesure est d’estimer l’impact de l’affluent majeur qu’est le Riautort. Il se situe en aval de plusieurs confluents qui reçoivent des rejets de STEP : le Rouré Trouca, le Riautort, le Saint-Daumas et le Neuf-Riaux (voir figure n°1).
La confluence du Riautort marque le changement de configuration du milieu : on passe du rhitron au potamon. Ainsi, cette station se situe exactement dans un milieu différent des autres. Ses coordonnées géographique en coordonnées Lambert II sont : X = 931603m et Y = 1827551m.
Figure
n°8 : Photographie station D, lieu dit « Bastide Constant »
Figure
n°9 : localisation station D sur carte IGN 1/25000 |
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Les
mesures physico-chimiques et les prélèvements d’invertébrés ont été réalisés le
jeudi 19 avril 2007 avec un employé de la Maison Régionale de l’Eau et à l’aide
de leur matériel.
Les paramètres physico-chimiques ont été mesurés à l’aide d’une sonde multifonction WTW multi 340i / set (annexe n°6), au milieu du cours d’eau à une profondeur moyenne de 10cm sous la surface.
Un courantomètre de marque
Marsh Mc Birney et de type Pro-Mate a également été utilisé pour
déterminé le débit sur chaque station, la surface mouillée et la vitesse
moyenne (annexe n°7).
L’indice biologique global normalisé permet d’évaluer la qualité générale d’un cours d’eau à partir de la qualité biologique de celui-ci, au moyen d’une analyse de la macrofaune benthique.
Il s’agit d’une méthode normalisée par l’AFNOR depuis 1992 (NF T 90-350) avec un protocole particulier à respecter. Celle-ci consiste à prélever des macro-invertébrés benthiques sur chaque station selon un protocole d’échantillonnage précis, en tenant compte des différents types d’habitats définis par la nature du substrat, la vitesse d’écoulement, la hauteur d’eau et la végétation. En effet, la faune benthique est considérée comme étant l’expression synthétique de la qualité de l’eau dans laquelle elle évolue.
La
station d’étude est définie comme étant le tronçon de cours d’eau dont la
longueur est sensiblement égale à dix fois la largeur du lit mouillé au moment
du prélèvement qui doit s’effectuer en période de débit stabilisé depuis au
moins 15 jours.
Pour
chaque station, l’échantillon de faune benthique est constitué de huit
prélèvements de 1/20m2 chacun, effectués séparément dans les huit
faciès les plus représentatifs de la station. Ces prélèvements sont réalisés à l’aide
d’un échantillonneur du type Surber dont la surface d’échantillonnage est de
1/20 m2 et dont le vide de maille du filet est de 500µm (annexe
n°8), à la surface et sur les premiers centimètres des sédiments immergés de la
rivière. Il faut distinguer dès le prélèvement les échantillons issus des
milieux lotiques (courant rapide) et lenthiques (courant lent).
Quelques millilitres d’une solution d’alcool à 90% ou de formol sont
ajoutés aux échantillons pour tuer et fixer les individus. Les échantillons
sont ensuite conservés à température ambiante en attendant d’être triés.
Une
identification des taxons prélevés a été réalisée en partie au laboratoire de
l’IUT, puis à la Maison Régionale de l’Eau puis enfin au CEEP du Luc à l’aide
d’une loupe binoculaire de grossissement x6 à x50 (annexe n°9) et d’un ouvrage
de détermination (Henri Tachet, Invertébrés
d’eau douce : systématique, biologie, écologie), dans le but d’attribuer une note à partir de la variété
taxonomique de l’échantillon (nombre de taxons identifiés) et de son groupe faunistique
indicateur (taxon le plus polluosensible). Pour être pris en compte, les
taxons indicateurs doivent être représentés par au moins trois ou dix
individus, selon les taxons.
Enfin, l’IBGN peut être
exprimée par une note allant de 0 à 20, mais aussi par une couleur pour une
représentation cartographique des résultats. Cependant, dans certain cours
d’eau la note de 20 ne pourra jamais être atteinte malgré le fait qu’il soit
d’excellente qualité (Wasson et Al. 2002,
CEMAGREF [13])
Cet
inventaire a été réalisé le 06/06/07, accompagné de mon maître de stage, en
remontant le lit de la rivière en waders à travers la commune de Gonfaron. Nous
sommes partis du point de rejet des lagunages et nous sommes remontés quasiment
jusqu’aux sources de Font d’Aille. La progression fut très difficile car le
cours d’eau est très peu entretenu. Les points de rejets et de prélèvements ont
été notés à l’aide d’un GPS (marque Magellan, modèle Explorist 600) puis
transférés sur MapInfo. Des photographies de chaque ouvrage ont également été
réalisées.
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Cours
d'eau |
Aille |
Aille |
Aille |
Aille |
Station |
A |
B |
C |
D |
Date |
19/04/2007 |
19/04/2007 |
19/04/2007 |
19/04/2007 |
Heure |
10h15 |
11h30 |
14h20 |
15h45 |
|
|
|
|
|
Température
air en °C |
16,9 |
16 |
19,9 |
27,8 |
Température
eau en °C |
14,5 |
15,1 |
16,7 |
16,9 |
O2 en mg/L |
9,48 |
8,6 |
11,1 |
11,62 |
O2
en % |
94,9 |
84,8 |
111,9 |
120,82 |
Conductivité
en µS |
896 |
880 |
536 |
760 |
pH |
7,86 |
7,76 |
7,95 |
7,77 |
|
|
|
|
|
Débit
en m3/s |
0,008 |
0,025 |
0,049 |
0,144 |
Surface
mouillée en m2 |
0,221 |
0,379 |
0,259 |
1,69 |
Vitesse
moyenne en m/s |
0,035 |
0,026 |
0,191 |
0,085 |
Tableau n°1 : paramètres physico-chimiques
Les
mesures ont été effectuées durant la journée du jeudi 19 avril 2007, de 10h15 à
15h45, avec un ciel légèrement couvert durant la matinée mais qui s’est dégagé
à partir de midi.
La température extérieure
varie beaucoup entre la première et la dernière station : elle augmente de
10,9°C.
La température de l’eau
augmente elle aussi d’amont en aval mais plus faiblement : elle se
réchauffe de 2,4°C. Cependant il faut noté un refroidissement entre la station
A et B (de 0,6°C) puis une stabilisation à environ 16,8°C en aval.
L’oxygène dissous dans
l’eau subit une légère diminution entre la station A et B (de 0,88 mg/L) puis
remonte nettement dans les deux dernières stations (de 3,2 mg/L).
En terme de pourcentage de
saturation, l’oxygène suit la même évolution que précédemment : diminution
de 10,1% entre la station A et B puis augmentation de 36,02% jusqu’à la
dernière station.
La conductivité est stable
entre la station A et B, chute de 344 µS à la C puis augmente de 224 µS à la
dernière.
La variation de pH entre
les différents points de mesures est très faible : la plus grand écart est
de 0,19 unités, soit 2,4%. Il reste élevé sur l’ensemble des stations.
Le débit augmente
constamment tout au long du cours d’eau : d’abord légèrement entre les
stations A et C (de 0,041 m3/s) puis fortement jusqu’à la dernière
(de 0,095 m3/s).
Au final, du point le plus amont vers celui le
plus en aval la rivière a très fortement grossie (de 0,136 m3/s,
soit 1700%).
Cependant, la vitesse
moyenne ne suit pas du tout la même évolution : très légère perte de
vitesse entre la station A et B (de 0,009 m/s), puis accélération de 0,165 m/s
à la C et pour finir, ralentissement de 0,106 m/s au dernier site.
Au final, du point le plus amont vers celui le
plus en aval la vitesse moyenne augmente peu (0,05 m3/s, soit 143%).
Les surfaces mouillées
quant à elles suivent l’évolution inverse de la vitesse : augmentation de
0,158 m2 entre A et B, puis légère diminution en C (de 0,120 m2)
et pour finir, très forte élévation (de 1,431 m2).
Au final, du point le plus amont vers celui le
plus en aval la section mouillée a fortement augmentée (de 1,469 m2,
soit 665%).
La
connaissance des débits 2006/2007, couplée à celle des précipitations sur le
site d’étude nous permettra de définir à quel niveau se situait l’Aille dans
son cycle hydrologique, au moment de
notre prélèvement (le 19/04/07).
L’Aille
étant à sec durant la période estivale, son cycle hydrologique débute dès lors
qu’un débit minimal est assuré, sans interruption (phase inondée). Cela varie
donc suivant les années. Nous considérerons que pour cette année 2006/2007 il
débute le 19/10/06 (voir annexe n°2). Il s’agit d’une reprise d’écoulement
tardive, puisqu’ en général elle se situe dans le mois de septembre. Le cycle
hydrologique nous intéresse particulièrement et donc pour une meilleure
représentativité septembre sera le point de départ des graphiques ci-dessous.
Figure n°10 : Comparaison
des débits
Les
débits représentés dans le graphique ci-dessus proviennent des données
enregistrées par la DIREN[14]
PACA[15] sur
leur station de mesure du Baou, près de Vidauban. Les coordonnées en Lambert II
de cette station sont : X=933923m et Y=1830169m. Des mesures journalières
de débits y sont effectuées et ces données sont régulièrement mises à jour sur
le site de la Banque Hydro (www.meteo.besse83.free.fr/index.htm).
On peut
constater que cette année les débits sont nettement inférieurs aux moyennes
calculées sur 40 ans, mis à part pour le mois de décembre qui fut ponctué de
deux crues majeurs, le 3 et le 8 décembre, (voir annexe n°9) contribuant donc
fortement à hausser le débit moyen mensuel.
Figure n°11 : Comparaison des précipitations
Les
précipitations représentées ci-dessus proviennent de la banque de donnée
enregistrée par la station météo de Besse-sur-Issole et disponible sur Internet
(www.rhone-mediterranée.eaufrance.fr). Cette station est très proche de l’Aille et l’on
considérera donc les mesures enregistrées par celle-ci comme étant proches de
celle ayant eut lieu sur le bassin versant de l’Aille.
On peut remarquer, comme pour les débits, que les précipitations de cette année sont inférieures aux moyennes (calculées sur 14 ans), mis à part pour les mois de décembre et de mars où elles sont légèrement supérieures.
On
peut dire que cette année l’Aille se situe dans une année sèche, tant au niveau
de la pluviométrie que des débits, les deux étant très liés.
En effet, beaucoup de
ces affluents se situent en rive droite (voir
figure n°1) sur des terrains très imperméables, engendrant donc un fort
apport d’eau par ruissellement. Ainsi, chaque grosse période pluvieuse est
immédiatement suivie d’une crue. Le
débit de l’Aille est fortement tributaire des précipitations, les apports d’eau
des aquifères de la rive gauche étant faibles. Ceci est montré par la grande
similitude entre les graphiques des débits et des précipitations. Ainsi, le
déficit pluviométrique associé aux températures élevées de la période estivale
(évaporation importante) conduit à un assèchement très marqué en été.
Lors de l’étude l’Aille était toujours en phase inondée, l’écoulement étant continu.
Les fiches complètes
permettant d’obtenir les notes IBGN sont disponibles en annexe n°11, 12 ,13 et
14.
Il faut noté que la note consolidée est obtenue à
partir de la note totale mais sans le groupe faunistique indicateur qui est le
taxon le plus polluosensible. Cela permet de connaître la fiabilité de l’IBGN
obtenue et ainsi vérifier la pertinence du résultat.
Figure
n°12 : Bilan des IBGN obtenus
Station A
La
note obtenue est de 14 pour cette station, elle a été déterminée à partir de 29
taxons différents et de Sericostomatidae
(trichoptère de classe 6) comme groupe faunistique indicateur. La différence
avec la note consolidée est de 2 points et considérée comme non négligeable. Il
semblerait donc que l’IBGN de cette station ait été légèrement sur évalué. Le
nombre de taxons est plus élevé dans le lent (25 contre 19) mais le groupe
faunistique indicateur est de meilleur sensibilité dans le rapide (6 contre
2).
Il faut cependant noté que la polluosensibilité de Sericostomatidae est
sûrement surestimée et donc que les résultats obtenus l’ont été
également.
On considérera pour
notre étude qu’il s’agit de la station de référence même si elle est déjà
impactée en amont par les rejets domestiques lors de son passage dans le
village de Gonfaron.
o
Station B
La
note obtenue est de 10 pour cette station, elle a été déterminée à partir de 32
taxons différents et de Baetidae
(éphéméroptère de classe 2) comme groupe faunistique indicateur. La différence
avec la note consolidée est nulle. Il semblerait donc que l’ IBGN obtenu sur
cette station soit particulièrement fiable.
Le nombre de taxons est cependant plus élevé dans le rapide (24 contre
19) mais les groupe faunistiques indicateurs sont de même sensibilité (2).
o
Station C
La
note obtenue est de 17 pour cette station, elle a été déterminée à partir de 29
taxons différents et de Perlodidae
(plécoptère de classe 9) comme groupe faunistique indicateur. La différence
avec la note consolidée est de quatre points. Il semblerait donc que l’ IBGN
obtenu sur cette station ait été nettement surestimé. L’excellente note obtenue
doit être seulement du à la présence de Perlodidae car en le supprimant, le
nouveau taxon indicateur devient Nemouridae (plécoptère de classe 6). La
station n’apparaît pas homogène autour du taxon indicateur.
Le nombre de taxons est plus élevé dans le lent (24 contre 18) mais le
taxon indicateurs est nettement plus
sensible dans le rapide (9 contre 2).
o
Station D
La
note obtenue est de 16 pour cette station, elle a été déterminée à partir de 28
taxons différents et de Chloroperlidae
(plécoptère de classe 9) comme taxon indicateur. La différence avec la note
consolidée est nulle. Il semblerait donc que l’ IBGN obtenu sur cette station
soit particulièrement fiable.
Le nombre de taxons est plus élevé dans le lent (24 contre 20) mais
taxon indicateur du lotique est plus sensible (9 contre 6).
Ce
graphique reprend les IBGN obtenus dans le cadre de l’étude menée par le
Conseil Général du Var en 1998. Deux campagnes de prélèvements avaient été
menées : en février 98 et en juin 98. Cependant, avant de pouvoir être
comparé, les résultats doivent être replacés dans le contexte hydraulique de
l’Aille. En effet, un IBGN peut varier en fonction de la date du prélèvement,
de la hauteur d’eau, des crues passées, etc. Ainsi il faut prendre en compte
qu’en février le peuplement optimal n’était sûrement toujours pas atteint et
qu’en juin les larves de plécoptères sont généralement absentes des cours d’eau
car elles ont finies leur cycle biologique et sont donc déjà passées au stade
adulte qui est aérien (imago). Il est donc compréhensible d’obtenir des notes
légèrement supérieures. En revanche, si l’on observe une diminution cela
signifierait alors que l’état s’est nettement dégradé.
Sur la station A, que ce soit en 1998 ou cette année,
aucune larve de plécoptère n’a été observée.
Sur
la station B la note a perdu trois points par rapport à février 98 et un point
par rapport à juin de la même année. L’état de l’Aille à cet endroit semble
donc s’être dégradé.
Sur
la station C on observe une augmentation de l’IBGN de trois points par rapport
à février 98 et de six points par rapport à juin de la même année.
Sur
la station D on observe une augmentation de huit points par rapport à février
98 et de quatre points par rapport à juin de la même année.
Figure n°14 : Régime
alimentaire des invertébrés prélevés sur chaque station
Les données contenues dans ce
graphique ont été obtenues à l’aide d’un programme de la Maison Régionale de
l’Eau. En rentrant dans le programme le nom des taxons identifiés celui-ci nous
indique plusieurs caractéristiques sur ces derniers, dont leur mode de
nutrition, leur habitat préférentiel, leur sensibilité à divers pollution, etc.
On peut remarquer la dominance dans
la majorité des stations (A, C, D) des organismes mangeurs de sédiments fins.
Ils représentent dans tous les cas au moins 35% des individus prélevés. Les
invertébrés filtreurs sont également très présents en amont du rejet de la STEP
(B, C, D) mais en proportion plus faible alors qu’ils étaient très faiblement
représentés sur la première station (2%). Les brouteurs/racleurs occupent une
faible part dans les prélèvements (<8%) jusqu’à la dernière station où
ils sont représentés à hauteur de 28%.
La part des prédateurs sur chaque site est également très faible mais semble
être stable aux alentours de 2%.
Sur la station A les mangeurs de sédiments fins ont totalement colonisé
le milieu, ils représentent ainsi 90% des peuplements. Les autres modes de
nutrition sont extrêmement peu représentés, chacun ayant une proportion
inférieur à 5%.
En revanche la station B est la seule où le milieu n’est pas dominé par
les mangeurs de sédiments fins. Les filtreurs sont ainsi majoritaires avec une
part à hauteur de 53% dans les peuplements. Ce sont ensuite les mangeurs de
sédiments fins qui sont les plus présents avec une proportion de 38%. Les
invertébrés s’alimentant différemment sont très peu présent même si l’on peut
remarquer que les brouteurs/racleurs représentent presque 10% du prélèvement.
Les mangeurs de sédiments fins dominent largement dans le prélèvement
réalisé sur la station C, avec une proportion de 72%. En revanche on peut noter
par rapport à la première station l’accroissement de la part occupée par les
brouteurs/racleurs (21%).
Le prélèvement effectué sur la station D est marqué par le fait que des
individus de trois modes de nutrition différents dominent, avec des proportions
proches : brouteurs/racleurs, filtreurs et mangeurs de sédiments fins
représentants respectivement 28, 32 et
39% des peuplements.
L’ IBGN obtenu sur la station B étant très faible par rapport aux
autres, l’analyse des régimes
trophiques est affinée afin d’ en comprendre la raison. C’est pourquoi le
graphique ci-dessous représente les invertébrés en fonction de leur mode de
nutrition également, mais en distinguant la partie lenthique de la partie
lotique.
Figure n°15 :
proportion des invertébrés de la station B, en fonction de leur mode de
nutrition
Le milieu lotique est largement
dominé par les organismes filtreurs (61%) mais les mangeurs de sédiments fins
sont tout de même bien représentés avec 32% du peuplement. Les
brouteurs/racleurs et les prédateurs sont très faiblement représentés (<5%),
tandis que d’autres sont totalement absent comme les détritivores et les
algivores.
Le milieu lenthique paraît plus
homogène malgré la nette dominance des mangeurs de sédiments fins à hauteur de
61%. Par rapport au lotique leur proportion a quasiment doublée. On peut noter
que les filtreurs, largement présents dans le lotique, ont quasiment disparu
ici (1%). A l’inverse, on compte ici de nombreux
brouteurs/racleurs (25%). Les prédateurs également sont mieux représentés,
représentant ainsi 10% du peuplement. En revanche les algivores sont toujours
absents.
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L’ensemble des mesures a
été effectué au cours de la journée du jeudi 19 avril 2007. Le ciel étant
couvert le matin mais qui s’étant dégagé vers midi, on comprend donc pourquoi
l’écart de température extérieure est si conséquent entre la première et
dernière station d’étude (10,9°C).
Le débit est le paramètre
essentiel de tout cours d’eau, sa mesure est donc très importante. En effet, il
conditionne de nombreux autres paramètres tels le courant, l’oxygénation de
l’eau, sa température, la dilution des substance dissoute, la diversité des
habitats, les connexions notamment avec les réservoirs biologiques, la
morphologie du lit et des berges, et surtout le transport de matière. En effet,
c’est le rapport débit/rejet de STEP qui conditionne la sédimentation :
plus le volume déversé est élevé par rapport au débit du milieu d’accueil et
plus le dépôt est important et rapide.
Il est important de noté
que nos valeurs mesurées correspondent eu débit instantané. Le débit résulte en
fait du produit de la section mouillée par la vitesse moyenne du courant.
Logiquement, on remarque qu’il augmente d’amont en aval, de la station A à la
D. La station A est proche des sources de l’Aille (3 km), seul le Maraval (rive
gauche) et le ruisseau de Font Frey (rive droite) se jette dans la rivière. Ces
deux affluents sont temporaires et s’assèchent très tôt dans la saison et
jouent donc un rôle minime dans le débit de l’Aille, d’où l’observation d’un débit
aussi bas (0,008 m3/s).
En aval, entre le point A et B le débit augmente
(de 0,017 m3/s) grâce à l’apport des différents affluents
périodiques (Estagnol en rive gauche, ruisseau de Nasque et Réal d’Or en rive droite), des résurgences et en
période de sécheresse essentiellement grâce aux rejets de la STEP de Gonfaron.
Cela pose un sérieux problème à l’étiage car le rejet de STEP n’est alors plus
dilué et son impact sur le milieu est très conséquent. Cette année étant
particulièrement très sèche ( des mesures de restrictions d’eau dans le Var ont
déjà été prises début avril par le préfet), on craint les conséquences du rejet
sur la vie aquatique.
Ensuite, le débit double entre le point B et C et
passe donc à 0,049 m3/s essentiellement par l’apport du Mourrefrey
mais également du ruisseau du Tessadon, des Mourgues et de Roure Toucas, tous
en rive droite.
La forte augmentation (0,095 m3/s)
constatée entre l’avant dernière et la dernière station s’explique par l’apport
d’un affluent majeur en rive gauche, le Riautort mais également par l’apport en
rive droite du ruisseau des Mines, de St Daumas, des Neufs Riaux et des
Mourgues. L’intérêt de ce dernier point de mesure est d’estimer l’impact du
Riautort sur la qualité de l’Aille.
D’une manière générale, le
débit de l’Aille est déjà très faible par rapport à la saison où il a été
mesuré, notamment à cause des prélèvements d’eau en amont (dans le Maraval pour l’eau potable et dans
l’Aille pour les jardins). Ceci est très préoccupant pour la période estivale
car il n’y aura vraisemblablement que très peu de recharge en eau des nappes
souterraines d’ici là. Cela laisse envisager un à-sec sévère et prolongé de
l’Aille cet été. La faiblesse du débit accentuera l’impact des pollutions
(notamment les rejets de STEP et domestiques) et des extrêmes climatologiques,
réduira la diversité des habitats et des connexions possibles et conduira à un
moins d’oxygène dissous dans l’eau.
Une des originalités de
l’Aille réside dans le fait que les débits de ses affluents en rive gauche sont
souvent plus importants que son propre débit, surtout en période estivale.
La température dépend
directement de la vitesse du courant. Plus le courant est faible, plus les
variations de température sont rapides et conséquentes. En effet, l’eau
« stagne » plus longtemps et subit donc plus fortement l’action des
paramètres extérieurs. Cependant, d’une manière générale l’eau est toujours
plus fraîche près des sources que dans la partie aval. C’est ce que l’on
constate en observant les valeurs mesurées : 14,5°C au point A et 16,9°C
au point D.
La faible augmentation
(0,6°C) entre le point A et B indique que le rejet de la STEP a une influence
mineure sur la température de l’Aille, au moment du prélèvement tout du moins.
En effet, en période hivernale l’eau de la rivière est très froide et le rejet
doit donc représenter un apport d’eau chaude dans le milieu.
A partir du point C la
température semble stabilisée aux alentours de 16,8°C mais il aurait fallu des
mesures réalisées plus en aval pour le confirmer.
En région méditerranéenne
particulièrement, la ripisylve influence énormément la température de l’eau.
Elle permet d’éviter un réchauffement trop important de l’eau en la protégeant
des rayons du soleil. Ainsi, le fort développement rivulaire de l’Aille est
essentiel pour retarder au maximum les effets estivaux.
L’oxygène dissous dans
l’eau dépend de plusieurs paramètres dont la température et le courant. En
effet, lorsque le courant est élevé le brassage de l’eau est efficace et son
oxygénation est donc meilleure. De plus, plus la température est élevée, plus
le taux de saturation en gaz dissous est faible et donc plus la capacité de
l’eau en oxygène est faible, l’eau est rapidement saturée.
Etant donné le fort
développement végétal sur l’Aille (ripisylve et micro-algues), il est important
de distinguer la phase « jour » pendant laquelle les végétaux
réalisent la photosynthèse et la phase « nuit » pendant laquelle ils
respirent. Ainsi, lors de la première phase le taux d’oxygène dissous dans
l’eau sera élevé grâce à la forte production d’oxygène par les végétaux. Au
contraire, lors de la seconde phase l’oxygène disponible pourra atteindre des
valeurs très faibles à cause de l’importance de la respiration.
L’oxygène dissous dans l’Aille
est élevé sur l’ensemble des points de mesures (>8,6mg/L) tout comme le taux
de saturation (>85%). Nous étions en période « jour » lors des
mesures et il est donc normale d’observer des valeurs assez élevées. De plus,
de nombreuses petites chutes d’eau tout au long de la rivière permettent un bon
brassage et donc par conséquence une bonne oxygénation de l’eau mais ceci est
de faible importance par rapport à la production d’oxygène par photosynthèse.
Cependant, avec un tel développement végétal on aurait pu s’attendre à trouver
un taux d’oxygène dissous dans l’Aille plus élevé.
Il faut noter depuis
quelques années la présence sur les bassins de lagunage d’un aérateur destiné à
pallier le léger manque d’oxygène de l’eau de rejet de la STEP. En effet, lors
de la campagne menée en mai/juin 1998 par le Conseil Général du Var, l’oxygène
était présent sur la station B à hauteur de 6,8mg/L et le taux de saturation
était de 71%. Ces valeurs n’étaient pas catastrophiques mais elles étaient tout
de même inférieures à celles mesurées sur le reste du cours d’eau. Au niveau de
l’oxygène dissous la situation s’est donc légèrement améliorée depuis 1998 même
si l’on peut toujours remarquer que la valeur mesurée en amont du rejet de la
STEP (B) est la plus faible de toutes et qu’elle traduit un mauvais
fonctionnement de celle-ci.
Cette
« amélioration » a une explication saisonnière. En effet, nous avons
réalisé nos mesures en avril, période où l’eau est encore fraîche et en
quantité satisfaisante (brassage important). Le taux de saturation en gaz élevé
est élevé, l’activité végétale importante et l’activité des micro-organismes
peu développée.
Lors de l’étude de 1998, les mesures ont été
effectuées en juin, en pleine phase d’exondation. Le brassage de l’eau était
alors moins important voire inexistant (débit plus faible), le taux de
saturation en gaz plus faible (température plus élevée), l’activité des
micro-organismes importante. Ainsi, on comprend qu’il est logique d’observer un
taux d’oxygène dissous plus important lors de notre étude (Nisbet Vernaux, 1970).
L’ensemble
des stations de mesure présente un pH élevé et stable, traduction de
l’importance des apports basiques de la rive gauche de l’Aille (terrains
calcaires) et des détergents contenus dans les effluents urbains. Les eaux de
la rivière sont toutefois tamponnées par l’apport acide des affluents provenant
du Massif des Maures (rive droite). Les espèces présentes dans l’Aille doivent
donc être adaptées à des eaux légèrement alcalines.
Il faut
cependant noté qu’on s’attendait à observer des valeurs beaucoup plus élevées
(>8,5). En effet, l’activité des plantes favorise la précipitation des ions
carbonates, et donc rend le pH de l’eau plus basique. L’effet tampon des
affluents de la rive droite ne suffit pas à expliquer la faible alcalinité
mesurée sur l’Aille. Aussi, celle-ci peut être dû à un léger disfonctionnement
de la sonde à pH.
Les valeurs
élevées de conductivité constatées sur l’ensemble des points de mesures
s’expliquent essentiellement par la richesse minéralogique des eaux drainant
les terres calcaires du bassin versant en rive gauche ainsi que par
l’importance des MES[16].
Cela souligne que l’essentiel des apports d’eau provient de la rive gauche.
De plus, les
valeurs nettement supérieures sur les deux premières stations doivent être dues
aux apports des effluents domestiques pour la station A et aux rejets de la
station d’épuration pour la station B.
La faiblesse
de la valeur mesurée sur la station C traduit l’importance de la sédimentation
en aval de la STEP ainsi que la forte capacité auto-épuratoire de l’Aille.
La légère
hausse constatée sur la dernière station doit être due à l’apport du Riautort
qui reçoit tout de même par le Riautort les rejets des stations d’épuration du
Luc (10000eqh) et du Cannet des Maures (3000eqh)
Au
moment des prélèvements, mi-avril, l’Aille était en fin de phase inondée. Les
peuplements d’invertébrés ont donc eut la possibilité de se développer
pleinement et les plécoptères n’ont toujours pas terminé leur cycle biologique
et sont donc toujours présents. C’était sans doute la meilleure période pour
effectuer l’étude car la richesse maximale du milieu a dû être atteinte.
Après une phase inondée prolongée le peuplement benthique est proche de celui que l’on pourrait observer sur un cours d’eau permanent : en plus des espèces adaptées aux milieux temporaires (avec des cycles biologiques courts) sont également présentes des espèces avec un cycle biologique plus long que le cycle hydrologique de la rivière. Ainsi, beaucoup de ces derniers meurent lors de la période exondée mais certains parviennent tout de même à survivre de plusieurs manières :
-soit,
lorsque le lit de la rivière est meuble et perméable, en s’enfouissant
profondément dans les sédiments, vivant ainsi près de la nappe
d’accompagnement. Mais ce n’est pas le cas de l’Aille.
-soit
sous une forme de résistance appelée diapause, à l’état d’œuf ou de larve.
Ce sont alors elles qui
vont recoloniser en premier le milieu lors de sa remise en eau, notamment par
dérive des individus (Legier, 1979).
La densité de la ripisylve est un facteur écologique très important dans ce contexte méditerranéen. En effet, elle limite l’accroissement de la température de l’eau et les fortes évaporations. Ainsi, on constate dans plusieurs régions méditerranéennes que les peuplements les plus diversifiés et abondants se trouve dans les secteurs bordés d’une ripisylve étoffée et ce autant chez les larves aquatiques que chez les imagos aériens (Giudicelli, 1995). En ce qui nous concerne, l’Aille présente une ripisylve fort développée jouant pleinement son rôle de protection. Nous pouvons d’ailleurs remarquer une grande variété taxonomique dans les échantillons prélevés (toujours supérieur à 18 taxons).
o
Station A
Il
s’agit de la station de référence. Aussi, l’attribution d’une note de 14 peut
paraître faible pour un point censé représenter au mieux le cours d’eau
lorsqu’il est en bon état, non impacté. On comprend cependant la faiblesse de
cette note lorsque l’on observe la position géographique de ce point. En effet,
il se situe juste en aval du village de Gonfaron. Comme j’ai pu le vérifier
moi-même (voir annexe n°1), des effluents
domestiques sont déversés dans la rivière au cours de son passage dans
l’agglomération. Le débit de l’Aille étant très faible à ce niveau et donc la
capacité épuratoire et de dilution aussi, l’impact de ces rejets doit être
important. Il faudra donc prendre en compte que notre station de référence est
déjà impactée.
Les
conditions sont moins bonne dans le lenthique : j’ai en effet pu remarquer
que le dépôt de matière organique était important car l’intensité du courant
est faible. Cela se traduit par la prolifération des mangeurs de sédiments fins
(Canidae et Chironomidae) qui représentent ici 90% du peuplement (figure n°14). Au niveau des taxons
polluosensibles, seul un Séricostomidae (GI[17]
6) a été observé dans le lenthique (on peut donc dire que c’est insignifiant)
tandis que dans le lotique j’ai dénombré neuf Hydroptilidaes (GI 5) et huit
Sericostomidaes. La présence de ces taxons polluosensibles est permise grâce à
la présence du chenal principal où l’oxygénation est suffisante.
Ainsi,
malgré la note assez élevée de 14, l’absence de taxons très sensibles à la
pollution, et la prolifération des mangeurs de sédiments fins laissent penser
que la station A n’est pas dans son état optimal, confirmant bien l’impact non
négligeable des effluents du village.
Malgré
tout, par rapport aux deux campagnes de l’étude de 1998 la note est en
augmentation de deux points. Ceci peut être la traduction d’un effort
concernant la limitation des effluents en amont : plusieurs caves ont été
verbalisées pour avoir déversée illégalement, sans aucun traitement, leurs
déchets dans la rivière et contrôle par la DDAF[18]
du site de décharge (piles, batterie, etc.) situé au bord du cours d’eau et qui
contaminait l’Aille par ruissellement. Théoriquement des mesures ont été prises
par la commune pour y remédier, cependant ce site de stockage existe toujours
et les contaminations sont donc toujours possibles. Mais il est plus
vraisemblable que cette amélioration soit liée à la saison de prélèvement. En
effet, nous étions en phase de peuplement optimale en avril. Nous obtenons
ainsi un grand nombre de taxons différents
et comme les GI sont de même niveau, cela conduit à l’obtention d’une
note supérieure.
o
Station B
Parmi
toute les stations, c’est pour celle-ci que l’IBGN est le plus faible (10). Il
faut sans doute y voir une relation directe avec son positionnement en aval du
rejet de la STEP de Gonfaron (voir annexe n°4).
L’absence de taxon polluosensible (présence de deux Nemouridae dans le lotique
mais qui n’ont pas été pris en compte dans la note car trop peu nombreux)
indique que l’ensemble de la station doit être fortement perturbé, malgré un
taux d’oxygène convenable. La charge de pollution apportée par le rejet de la
STEP est trop importante par rapport à la capacité du milieu. La présence de
dépôt également dans le lotique et la faible saturation est oxygène en sont la
conséquence. Même le brassage dans le chenal principal ne permet pas la
présence de taxons polluosensibles.
La
prolifération des invertébrés filtreurs (Simulidae) dans le lotique (62% du
peuplement) traduit le fait que l’eau s’est fortement chargée en matière en
suspension (surtout des micro-algues) à cause du rejet des bassins de lagunage.
Il est tout à fait normal de ne pas en retrouver dans le lenthique car la
présence d’un courrant soutenu est essentielel à ces organismes filtreurs. En
revanche on peut remarquer la croissance de la population de
brouteurs/racleurs. Ceci est la conséquence du développement algale engendré
par l’apport de nutriments (azote mais surtout phosphore) par le rejet de la
STEP. Ceux-ci sont en effet mal éliminés par la lagune (voir
partie I). La place occupée par les mangeurs de sédiments fins dans le
lenthique reste élevée (61%), signe que le dépôt de matière organique est
important dès que l’intensité du courrant diminue.
De plus, Asellidae est un marqueur de milieu déposé et
très impacté. Sa forte présence (voir annexe n° 12) démontre ainsi le mauvais
état de l’Aille sur cette station.
La qualité
de l’eau semble s’être encore dégradée par rapport à l’étude de 1998 alors que
paradoxalement le traitement de la STEP devrait être plus efficace aujourd’hui
(présence d’aérateurs et d’un système de filtration). Ceci est peut être la
conséquence de l’augmentation de la population ainsi que la nécessité d’un
nouveau curage des bassins.
o
Station C
D’après
l’excellente note obtenue sur cette station (17) il semblerait que c’est
l’endroit où la qualité de l’eau est la meilleure. L’écart important avec la
note consolidée (4 points) traduit en fait dominance d’un habitat très
défavorable : les dalles.
Cette
station est caractérisée par la présence de deux parties aux caractéristiques
très différentes. Le lenthique est marqué par un dépôt très important et un
brassage très faible voire inexistant, d’où la forte présence d’Asellidae.
Cette partie est presque isolée du chenal principal où le courant est très
élevé et permet donc la présence de nombreux polluosensibles. Il n’y a aucun
taxon polluosensible dans le lenthique et l’excellente note obtenue résulte
donc essentiellement de la partie lotique. Malgré cette réserve sur la
fiabilité de l’IBGN obtenu, il apparaît clairement en comparant avec les
résultats de la station précédente que la capacité auto-épuratoire de l’Aille
est importante. L’impact du rejet de la STEP des Mayons dans le Mourrefrey ne
se fait pas ressentir sur ce site, la décantation dans les affluents a sans
doute été suffisante.
La
différence avec la campagne de juin 1998 peut paraître énorme (6 points) mais
ceci est essentiellement dû à la disparition des larves de plécoptères en juin
du fait de leur passage à l’état adulte. Donc si l’on prend en compte que la
note que nous avons obtenus a été surestimée, on peut considérer que l’état de
cette station a peu varié depuis la précédente étude.
o
Station D
La
qualité de l’eau semble être très bonne si l’on se réfère à l’excellente note
obtenue (16). De plus, celle-ci paraît fiable étant donné qu’il n’y a pas de
différence avec la note consolidée.
Le
peuplement d’invertébrés benthiques est homogène, il n’y a pas de prolifération
d’un régime trophique particulier (tous inférieurs à 40%). Des taxons
polluosensibles sont présents dans le lent (Nemouridae) comme dans le rapide
(Chloroperlidae et Perlodidae). Ainsi, tout indique que l’état de cette station
est très satisfaisant, démontrant encore la forte capacité auto-épuratoire de
l’Aille. Cette station n’est cependant pas comparable avec la précédente car
nous nous situons maintenant dans la partie potamale de l’Aille.
La
différence avec l’IBGN obtenue en juin 1998 (quatre points) peut s’expliquer en
partie par l’absence des larves de plécoptères à cette époque, du fait qu’elles
sont déjà passées à l’état adulte (imago). Cependant, l’écart de huit points
avec la campagne précédente de février semble tout de même indiquer une
amélioration de la rivière à cet endroit.
Le
Riautort, affluent majeur de l’Aille dont l’état n’était pas très bon il y a
quelques années, semble n’avoir aucun impact négatif la qualité de l’Aille à
cet endroit. Ceci peut s’expliquer par l’amélioration des rejets des STEP du
Luc et du Cannet des Maures ainsi que par la sédimentation importante jusqu’à
la confluence avec l’Aille.
Bilan
Il est
important de noter qu’une crue est survenue 15 jours (voir annexe n°2) avant
les prélèvements. Le cours d’eau a ainsi été nettoyé et cela a certainement
contribué à l’amélioration de l’état de l’Aille. Le station la plus en aval
paraît être celle pour qui cette crue a été le plus bénéfique. En effet, sur
cette station le problème de dérive des invertébrés a été minime du fait de sa
position géographique.
En apparence
l’état général de l’Aille paraît meilleure qu’en 1998 mais comme aucune mesure
particulière n’a été prise dans ce but, ceci doit être dû à la saisonnalité.
L’influence de celle-ci est essentielle dans les résultats. En fonction de la
phase où l’on se trouve le peuplement n’est pas au même stade de développement.
Ainsi, la note obtenue est conditionnée par la période de prélèvement.
L’absence
d’invertébré benthique polluosensible, couplée au faible taux de saturation en
oxygène sur la station B montre que le rôle épuratoire de la STEP n’est pas
pleinement rempli. Le rejet des bassins de lagunage est dégradant pour la
qualité de l’Aille. Celle-ci présente à partir de la station C, malgré des
perturbations importantes en amont, une richesse biologique intéressante dès
lors que l’habitat est favorable. Comme l’étude de 1998 le soulignait, l’Aille
possède une capacité auto-épuratoire élevée.
![]() |
L’analyse
des résultats confirme le témoignage des riverains (Mr Barelli, Mr Monaco, Mr
Millet et Mr Astésana entre autres) : l’état de l’Aille est perturbé,
notamment à cause d’une épuration pas assez efficace de la part de la STEP de
Gonfaron.
Le rapport
d’activité en 2006 de cette STEP montre indéniablement qu’elle n’est pas aux
normes européennes et que son rejet a un impact sur la qualité de l’Aille. Ceci
est également confirmé par l’analyse de nos résultats en aval de celle-ci
(station B).
Les
rejets domestiques non traités déversés dans l’Aille lors de son passage à
travers Gonfaron contribuent à la dégradation de sa qualité. Les résultats
obtenus sur la station A le confirment.
Vraisemblablement,
l’objectif de la DCE ne sera pas atteint en 2015 à moins d’un investissement
très élevé. Aussi, la valeur patrimoniale de l’Aille, dans un contexte de mise
en réserve naturelle de la plaine des Maures, mérite de faire jouer la
solidarité afin que le coût supporté par la population locale ne soit pas
disproportionné.
Aussi, les démarches administratives et des études pour l’amélioration du traitement des eaux usées de Gonfaron sont en cours.
![]() |
ANGELIER E., 2000,
Ecologie des eaux courantes. ed. Tec & Doc, 193p
BOUZIDI A., 1983,
Cours d’eau temporaires du massif des Maures. Hydrologie, hydrochimie,
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179 p
Conseil Général du Var,
Etude sur l’Aille en 1998 réalisée par le bureau d’étude
Aquascop, la maison régionale de l’eau de Barjols et par le laboratoire
d’écologie des eaux continentales méditerranéennes
Données
Banque hydro : www.rhone-mediterranée.eaufrance.fr
Fédération du Var pour
la Pêche et la Protection des Milieux Aquatiques, PDPG réalisé par BONNEFOUX Olivier,
avril 2002
GARRONE C., 1999, Etude
de deux cours d’eau au régime temporaire : l’Aille et le Préconil (83),
rapport DESS « Qualité et Traitement des eaux ». Univ. de
Franche-Comté.
GIUDICELLI
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hydrologiques des eaux courantes méditerranéenne. Verh. Internat. Verein. Limnol., 22 :
2094-2101
Henri
Tachet, Invertébrés d’eau douce : systématique, biologie, écologie, avril
2000
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P., 1979, Ecologie des ruisseaux temporaires de Provence et les
informations qu’elle apporte sur la naissance, la maturation et la structure
d’un écosystème d’eau courante. Thèse, Univ. Aix-Marseille III, 320p
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temporaires de la Provence calcaire. Annals.
Limnol., 9 (3) : 273-292
LEGIER
P., TERZIAN E., 1981, Les milieux aquatiques temporaires de Provence :
Résistance des invertébrés à l’assèchement des habitats. Ecologica Mediterranea, 7 (1) : 113-129
NISBET M., VERNEAUX J,
1970, Composantes chimiques des eaux courantes, Discussion et proposition de
classes en tant que bases d’interprétation des analyses chimiques. Annals. Limnol., 6 (2) : 161-190
Station météo amateur de Besse/Issole : www.meteo.besse83.free.fr/index.htm
Véolia Eau, dossier STEP
de Gonfaron, 2006
WASSON JG.,
CHANDESRIS A., PELLA H., BLANC L., 2002, Les hydro-écorégions de France
métropolitaine, approche régionale de la typologie des eaux courantes et
éléments pour la définition des peuplements de référence d’invertébrés. Rapport
du Ministère de l’Aménagement du Territoire et de l’Environnement et du
CEMAGREF, 190 p.
![]() |
o
Annexe n°1 : Bilan de l’inventaire
o
Annexe
n°2 : débit de l’Aille, octobre 2006
o
Annexe n°3 : Débit
de l’Aille, avril 2007
o
Annexe n°4 :
relevé des précipitations à la station météo de Besse/Issole, décembre 2006
o
Annexe n°5 : photographie du rejet des
bassins de lagunage
o
Annexe n°6 : photographie de la sonde WTW
multi 340i / set
o
Annexe n°7 : photographie du courantomètre
o
Annexe
n°9 : photographie d’une loupe binoculaire
o
Annexe n°10 :
affiche d’information sur la conférence
o
Annexe n°11 : IBGN
station A
o
Annexe n°12 : IBGN
station B
o
Annexe n°13 : IBGN
station C
o
Annexe n°14 : IBGN
station
Annexe n°1 : Bilan de l’inventaire
Point |
Coordonnée X |
Coordonnée Y |
Commentaire |
1 |
922910 |
1822067 |
barrage artificiel +
pompage RD[19] |
2 |
922829 |
1822085 |
buse RD sans rejet apparent |
3 |
922630 |
1822120 |
rejet caravane RG[20] |
4 |
922197 |
1822061 |
décharge RG |
5 |
922174 |
1822052 |
rejet domestique |
6 |
922042 |
1821904 |
rejet RG |
7 |
922026 |
1821911 |
pompage |
8 |
921877 |
1821883 |
pompage RG |
9 |
921858 |
1821854 |
pompage RG |
10 |
921849 |
1821830 |
pompage |
11 |
921772 |
1821694 |
pompage |
12 |
921674 |
1821657 |
rejet domestique |
13 |
921616 |
1821653 |
pompage |
14 |
921608 |
1821650 |
pompage |
15 |
921560 |
1821626 |
2 pompages |
16 |
921544 |
1821602 |
décharge "des
pompiers" RG |
17 |
921526 |
1821568 |
eau lavage matériel
municipal |
18 |
921360 |
1821346 |
pollution diffuse :
dépôt de lie de vin |
19 |
921318 |
1821190 |
pompage RD |
20 |
921306 |
1821180 |
pompage |
21 |
921186 |
1821025 |
2 pompages + truites
mortes |
22 |
920882 |
1820602 |
pollution diffuse :
dépôt de lie de vin |
23 |
920682 |
1820371 |
pompage |
24 |
920628 |
1820305 |
pollution diffuse :
odeur nauséabonde + eau trouble |
25 |
921194 |
1821066 |
rejet domestique |
Annexe n°2 : débit de l’Aille, octobre 2006
Annexe
n°3 : Débit de l’Aille, avril 2007
Annexe
n°4 : relevé des précipitations à la station météo de Besse/Issole,
décembre 2006
|
Précipitations |
||
Date |
Total du jour (mm) |
Durée (h) |
Intensité maxi sur 5 mn (mm/h) |
01/12/2006 |
0,4 |
0,17 |
2,4 |
02/12/2006 |
36,8 |
7,5 |
31,2 |
03/12/2006 |
11,8 |
2,75 |
19,2 |
04/12/2006 |
0,2 |
0,08 |
2,4 |
05/12/2006 |
1 |
0,42 |
4,8 |
06/12/2006 |
19,4 |
3,58 |
24 |
07/12/2006 |
0 |
0 |
0 |
08/12/2006 |
35,8 |
6,17 |
16,8 |
09/12/2006 |
0 |
0 |
0 |
10/12/2006 |
0 |
0 |
0 |
11/12/2006 |
0 |
0 |
0 |
12/12/2006 |
0,2 |
0,08 |
2,4 |
13/12/2006 |
0 |
0 |
0 |
14/12/2006 |
0,2 |
0,08 |
2,4 |
15/12/2006 |
0,2 |
0,08 |
2,4 |
16/12/2006 |
7,8 |
1,33 |
16,8 |
17/12/2006 |
0,3 |
0,08 |
2,4 |
18/12/2006 |
0 |
0 |
0 |
19/12/2006 |
0,2 |
0 |
0 |
20/12/2006 |
0,2 |
0,08 |
2,4 |
21/12/2006 |
0,2 |
0,08 |
2,4 |
22/12/2006 |
0,2 |
0,08 |
2,4 |
23/12/2006 |
0,2 |
0 |
0 |
24/12/2006 |
0,2 |
0,08 |
2,4 |
25/12/2006 |
0,2 |
0 |
0 |
26/12/2006 |
0,2 |
0,08 |
2,4 |
27/12/2006 |
0,2 |
0,08 |
2,4 |
28/12/2006 |
0,4 |
0,17 |
2,4 |
29/12/2006 |
0,2 |
0,08 |
2,4 |
30/12/2006 |
0,4 |
0,08 |
2,4 |
31/12/2006 |
0,3 |
0,08 |
2,4 |
Annexe n°5 : photographie du rejet des bassins de
lagunage
Annexe n°6 :
photographie de la sonde WTW multi 340i / set
Annexe
n°7 : photographie du courantomètre
![]() |
Annexe n°9 : photographie d’une loupe binoculaire
Annexe
n°10 : affiche d’information sur la conférence
LES AMIS DE GONFARON
proposent :
Complément
d’étude
sur la qualité de
l’Aille
Conférence
/ débat.
Compte rendu de l’étude
effectuée par Mr Bordier,
étudiant en Génie de
l’Environnement à l’IUT de Toulon / La Garde, sur la qualité des eaux de
l’Aille.
Présence de Mr Olivari,
directeur de la Maison Régionale de l’Eau.
Salle de la mairie
annexe (rue
du 4 Septembre)
Mardi 26 juin à
18h
Entrée libre.
Annexe
n°13 : IBGN station B
Annexe
n°14 : IBGN station C
Annexe
n°15 : IBGN station D
[1] Indice Biologique Global Normalisé
[2] Conservatoire - Etude des Ecosystèmes de Provence
[3] STation d’EPuration
[4] Zone Naturelle d’ Intérêt Faunistique et Floristique
[5] Zone d’ Importance Communautaire pour les Oiseaux
[6] Zone de Protection Spéciale
[7] Programme d’Intérêt Général
[8] Plan Départemental pour la Protection du milieu
aquatique et la le Gestion des ressources piscicoles
[9] Association Agréée Pour la Protection des Milieux
Aquatiques
[10] Equivalent Habitant
[11] Domaine de Traitement Garantie
[12] Plan Local d’ Urbanisme
[13] Centre national du Machinisme Agricole, du Génie Rural
et des Eaux et Forets
[14] Direction Régionale de l ‘Environnement
[15] Provence, Alpes, Côte d’ Azur
[16] Matière En Suspension
[17] Groupe Indicateur
[18] Direction Départementale de l’Agriculture et des Forets
[19] Rive Droite
[20] Rive Gauche